L’innovation au cœur des métiers de la trésorerie

Publié le 14 novembre 2014 à 10h53    Mis à jour le 14 novembre 2014 à 11h58

Laurence Valentin-Esturonne

Informatisation et dématérialisation améliorent depuis longtemps la productivité des directions financières. En leur sein, les départements financement-trésorerie ont toujours été précurseurs, poussés par le besoin de sécuriser des transactions de plus en plus complexes et volumétriques, et d’affirmer leur position d’interface avec l’univers bancaire et les marchés financiers.

Les enjeux de standardisation des flux et moyens de paiement se sont d’abord cristallisés autour d’initiatives internationales majeures : cadre réglementaire des paiements au sein de l’Union européenne avec Sepa, infrastructure mondiale sécurisant les transactions avec Swift, codification universelle des coordonnées bancaires avec Iban. Les trésoriers d’entreprise ont ainsi dématérialisé les paiements en masse à partir d’une payment factory centrale, directement interfacée avec la comptabilité en amont et des prestataires bancaires en aval, qui offrent des solutions intégrées de gestion globale des flux et soldes de trésorerie.

L’univers des paiements foisonne d’initiatives intégrant désormais la mobilité, donc particulièrement attractives pour les entreprises de l’univers «B-to-C» puisque facilitant le lien instantané avec les consommateurs finaux.

Les 31e Journées de l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE), qui réuniront les 18 et 19 novembre 2014 plus d’un millier de professionnels au Palais Brongniart, feront ainsi la part belle à l’innovation.

La première vague de numérisation a apporté rapidité, réduction des coûts des transactions et en a amélioré la sécurité, même si ce dernier point mérite encore que l’association consacre un atelier à la lutte contre la fraude. Ces gains de productivité doivent désormais être réinvestis par les trésoriers d’entreprise, dont la mission comporte aussi l’optimisation du besoin en fonds de roulement, dans une approche collaborative avec les départements commerciaux et achats. Les évolutions sont permanentes, souvent sophistiquées, avec une chaîne de valeur complexe : il convient d’éclairer leur choix.

D’autre part, les métiers du paiement sont l’un des domaines des techniques numériques où la France est à la pointe. Ils concernent 18 000 professionnels au sein des entreprises, chez les commerçants français, et représentent 72 000 emplois directs chez des champions nationaux innovants tels qu’Edenred, Gemalto, Ingenico, Worldline.

L’exemple d’Edenred est à ce titre emblématique. Le Ticket Restaurant et de ses déclinaisons ultérieures (Kadeos, CESU…) ont constitué par le passé de réelles novations dans les moyens de paiement. Edenred franchit désormais un nouveau pas en matière de service aux entreprises. «Ticket-Travel-Pro va aider ces dernières à optimiser la gestion des frais de déplacements de leurs salariés, explique Jean-Bernard Hamel, directeur financement-trésorerie d’Edenred. C’est une carte de paiement prépayée rechargeable et paramétrable par montant et par nature des dépenses engagées par chaque salarié. Elle véhicule des services associés tels que dématérialisation du traitement des notes de frais, reporting et traçabilité de la dépense, assurances et surtout accès à des conditions d’achats mutualisées auprès de prestataires du monde du voyage, qui permettent aux entreprises de gagner temps et argent sur ce cycle sensible en matière de contrôle interne.»

Le moyen de paiement n’est plus une simple «commodité» connue du seul trésorier : c’est un vecteur d’optimisation engageant ici ressources humaines, département achats et direction financière.

Les innovations en matière de paiement deviennent un argument marketing dans la relation entre commerçants et clients individuels. Les commerçants de proximité doivent renouveler l’expérience du shopping urbain : ceux de Boulogne-Billancourt ont par exemple récemment lancé, sous l’égide du Crédit Mutuel, une application sur téléphone mobile, baptisée Fivory, qui développe, autour du paiement sans contact simple et sécurisé, d’autres fonctionnalités précieuses pour le client et le commerçant, telles que cartes de fidélité électroniques, offres promotionnelles personnalisées grâce au profil du consommateur et à sa géolocalisation.

En tant que professionnels de la trésorerie d’entreprise, il est très encourageant de mesurer le chemin parcouru dans le positionnement de notre fonction : autrefois experts auprès du directeur financier, nous élargissons notre champ d’action en devenant de véritables partenaires des opérationnels et créons de la valeur bien au-delà des simples économies sur les coûts de transaction.

Laurence Valentin-Esturonne

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