Quelles résolutions pour l’économie mondiale en 2018?

Publié le 2 février 2018 à 18h00

Ludovic Subran

Le début de l’année est toujours le meilleur moment pour tirer les leçons de l’année qui s’achève, et prendre des résolutions pour que la nouvelle année soit réussie. Les économistes n’échappent pas à la coutume !

Qu’avons-nous appris en 2017 ?

1. Il suffisait juste que tous les moteurs économiques soient allumés en même temps. 2017 aura été marquée par une synchronisation rare des cycles économiques, poussant l’économie mondiale à plus de 3 % de croissance pour la toute première fois en sept ans. L’économie américaine continue son expansion, la zone euro a fait un retour en fanfare, la Chine surprend chaque jour par sa transition économique réussie, et les pays émergents ont profité de bonnes conditions monétaires et financières.

2. L’inflation aux abonnés absents ? L’absence d’inflation, dans une phase tardive et favorable du cycle économique, pose de vraies questions aux banquiers centraux. Les pressions déflationnistes de la diffusion des nouvelles technologies dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, et l’agressivité concurrentielle de nombreux pays sur la scène internationale, dont la Chine, suffiraient-elles à garder les prix et les salaires relativement bas pour encore un certain temps ?

3. Le niveau élevé de risque politique accru n’a pas suffi à faire dérailler l’économie. L’inquiétante présidence de Donald Trump, les tensions dans la Péninsule coréenne, le Moyen-Orient en pleine mue, l’Europe face aux risques de sécession sont autant de raisons de rester vigilants. Pourtant, la complaisance des marchés financiers et la plus grande tolérance aux risques des multinationales démontrent que nous nous sommes habitués peut-être à vivre avec le risque politique sans prendre peur à chaque mauvaise nouvelle.

4. La fin du modèle unique de politique économique ? En remettant en question le multilatéralisme, le président américain a réveillé les instincts nationalistes de nombreux pays qui ne sont plus prêts à accepter la vulnérabilité, les économies d’échelle ou le dogme économique sans discuter. De la Chine à la Turquie, en passant par l’Europe, la divergence semble être la norme : plus d’Etat, moins d’ouverture commerciale, des politiques monétaires et budgétaires plus exotiques.

Que devons-nous attendre en 2018 ?

1. L’économie mondiale pourrait accélérer davantage en 2018. L’économie américaine, portée par la réforme fiscale, et les marchés émergents (hormis la Chine) exportateurs de matières premières, portés par la demande, devraient aller particulièrement bien. La Chine tiendra bon et l’Europe – si elle réussit sa percée institutionnelle, une fois l’incertitude électorale italienne passée – pourrait faire des envieux.

2. Les conditions de financement resteront très avantageuses. Bien que toutes les banques centrales continuent de normaliser leurs politiques monétaires (hausses de taux aux Etats-Unis, fin de l’assouplissement quantitatif en zone euro, règles macroprudentielles renforcées en Chine), les ménages et les entreprises continueront de bénéficier de bonnes conditions financières. Malgré un retour attendu de l’inflation, toujours à pas feutrés, les effets de second tour sur les salaires devraient être limités.

3. Le calendrier politique restera soutenu. Les nombreuses élections en Amérique du Sud, en Thaïlande, au Cambodge, en Italie, à Madagascar et en Russie par exemple, les surprises politiques (Royaume-Uni, Etats-Unis, par exemple), et les défis régionaux (Golfe, Amérique du Nord) vont continuer de rythmer les premières pages des journaux. Si la reprise tient, elle devrait permettre de naviguer entre les vents contraires.

4. Le plus gros risque au final, c’est d’être déçu. Les marchés financiers sont dopés à la confiance, peut-être trop, avec des marchés actions très performants, des monnaies qui se tiennent et des profits records. Mais en 2018, les angles morts sont nombreux : dette américaine, réalité de la faible marge de manœuvre de l’Europe, atterrissage forcé Chine, disruption dans le secteur de la distribution… Et en face, les attentes sont élevées : augmentation du pouvoir d’achat grâce à des baisses d’impôts et des effets richesse positifs, par exemple.

Finalement, il est peut-être déjà l’heure de préparer 2019… Les années qui finissent par un «9» sont historiquement plus problématiques : crises, grands chamboulements, guerres. Plus sérieusement, le ralentissement de la croissance quasi-certain aux Etats-Unis et en Europe et l’absence de réformes de structures dans de grands pays pourraient révéler certains excès, que les banques centrales ne cacheront plus. Si l’on y ajoute une renaissance économique déroutante (intelligence artificielle, blockchain, etc.), on sent que l’environnement économique restera toujours aussi palpitant. Alors, que 2018 soit riche d’audace et de réussite. Mais n’oubliez pas de bien attacher votre ceinture lorsque vous embarquez dans le grand huit de l’économie mondiale !

Ludovic Subran

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