L’économie française montre des signes encourageants

Publié le 27 janvier 2017 à 14h48    Mis à jour le 27 janvier 2017 à 18h26

Michel Martinez

Les élections françaises devraient se dérouler dans un climat économique en sensible amélioration. Nous estimons que la croissance du PIB s’élèvera à 1,6 % en 2017, soit la plus forte croissance depuis 2011. Cela s’explique, d’une part, par la fin de facteurs spécifiques en 2016 (chute du tourisme et de la production agricole), et, d’autre part, par la reprise du secteur de la construction et par l’amélioration du résultat net des entreprises, qui atteint de nouveaux sommets. Après un mois de décembre difficile, les chiffres du chômage devraient reprendre leur tendance baissière.

Malgré de forts vents contraires en 2016 (chute du tourisme et de la production agricole), la croissance devrait atteindre 1,1 % en 2016, soit un chiffre proche du potentiel de croissance. A la suite des attentats, l’activité touristique étrangère a fortement chuté au cours des trois premiers trimestres 2016, coûtant au moins 0,2 point de PIB. Les chiffres du quatrième trimestre suggèrent que l’activité s’est ensuite redressée. La baisse de la production agricole, sous l’effet combiné des inondations du printemps puis de la sécheresse de l’été, devraient également coûter 0,2 point de PIB en 2016. Sans ces deux facteurs que l’on espère non récurrents, la croissance 2016 aurait été de 1,5 %, soit un rythme identique à celui de la zone euro. Les dernières données d’enquête suggèrent que le dernier trimestre de 2016 sera particulièrement fort. Il semblerait que la consommation soit solide, les créations d’emploi compensant le regain d’inflation. L’année 2016 devrait être la première depuis 2010 où le taux de chômage aura baissé. L’économie française devrait avoir créé 210 000 emplois en 2016, conduisant à une baisse du nombre de chômeurs au sens du BIT proche de 100 000. Grâce à de meilleures rentrées fiscales, le déficit public devrait s’afficher à 3,2 % du PIB, soit légèrement mieux que la cible gouvernementale (3,3 %). Le nombre de créations d’emploi ainsi que la dynamique des recettes budgétaires suggèrent que l’Insee pourrait avoir à réviser à la hausse dans les prochains mois ses chiffres de croissance pour 2016.

Les enquêtes de confiance ne montrent aucun signe de ralentissement de la dynamique début 2017. Nous prévoyons pour cette année une croissance à 1,6 %, un rythme identique à celui de la zone euro. Ce serait un changement notable par rapport à la période 2013-2016 où la croissance française s’est située en moyenne 0,2 % en dessous de la zone euro. Nous constatons que le climat des affaires était en amélioration sensible depuis le troisième trimestre 2016. En janvier 2017, l’indicateur du climat des affaires de l’Insee pour l’économie dans son ensemble a progressé à 104,1, contre une moyenne de 101,1 en 2016. L’enquête Insee sur le climat des affaires est un outil fiable qui repose sur un échantillon de 20 000 entreprises. Historiquement, le niveau de 104,1 correspond à une croissance du PIB de 0,6 % en trimestre glissant (2,4 % en glissement annuel). Cela est très encourageant.

Le secteur de la construction a constitué l’un des principaux maillons faibles de l’économie française ces dernières années, réduisant le PIB de 0,4 % en 2014 et de 0,3 % en 2015. Ce handicap a disparu en 2016 grâce à la reprise naissante dans l’investissement résidentiel. Les augmentations des ventes des promoteurs et des permis de construire observées au second semestre 2016 sont à deux chiffres et laissent présager un fort redressement de l’investissement résidentiel en 2017. Les prix dans l’immobilier résidentiel ont progressé en 2016, de l’ordre de 2,5 %, une première depuis 2011, et nous tablons sur une poursuite de cette hausse cette année. Cette reprise du secteur résidentiel devrait être complétée par la relance des dépenses d’infrastructure. Le projet du Grand Paris pourrait à lui seul ajouter 0,1 point de croissance en 2017.

L’investissement des entreprises non financières aura progressé de près de 4 % en 2016. C’est bien. Nous anticipons une moindre progression cette année, mais les risques sont probablement orientés à la hausse. Les baisses d’impôt et de la charge de la dette ont permis une amélioration sensible des marges nettes des entreprises au cours des deux dernières années. L’épargne brute (résultat après impôt, frais financiers et dividendes) a progressé de 16,9 % de la valeur ajoutée brute en 2013 à 20,7 % en 2016. C’est un niveau très supérieur à la moyenne historique de 18,4 % et probablement un nouveau sommet historique depuis trente ans. Les enquêtes sur les prix indiquent que les entreprises regagnent une capacité à monter les prix, une situation que l’on n’avait plus vue depuis 2011. Tous ces facteurs devraient encourager les entreprises à embaucher dans les prochains mois.

Mots clés LBO
Michel Martinez Chef économiste Europe ,  Société Générale Corporate & Investment Banking

Michel Martinez est chef économiste Europe, Société Générale Corporate & Investment Banking

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