L'analyse de Nicolas Simar

Anticiper la rotation sectorielle en faveur des titres «value»

Publié le 26 février 2016 à 15h34    Mis à jour le 4 mars 2016 à 18h05

Nicolas Simar, NN IP

Dans un contexte de marchés très volatils, sujet à des mouvements erratiques non justifiés par les fondamentaux économiques, les actions «value» restent particulièrement délaissées par les investisseurs. Des opportunités se dessinent dans les secteurs liés à la reprise de la demande domestique européenne.

La dispersion des valorisations au sein des marchés actions est riche d’enseignements : au sein de chaque secteur, les valeurs offrant les «price to book» (cours sur actif net) les plus élevés ont creusé l’écart avec les valeurs les moins chères. Certains titres «value» subissent une véritable sanction de la part des investisseurs. Il est vrai que le contexte n’est guère favorable à ce style de gestion. Les taux longs américains sont repartis à la baisse depuis novembre en raison du ralentissement de la conjoncture dans les pays émergents et des doutes sur la croissance américaine. Or, on observe historiquement une corrélation positive entre la hausse des taux américains à long terme et la performance relative du style «value».

L’écart de performance n’a jamais été aussi élevé depuis 1999

Pour autant, la valorisation actuelle de ces titres «value» indique clairement que les marchés anticipent un ralentissement significatif de l’activité alors que, dans le même temps, les valeurs «growth» se négocient à des niveaux élevés. L’écart des performances relatives entre les deux styles «value» et «growth» n’a jamais été aussi élevé depuis 1999. Or, à l’issue de la crise des valeurs technologiques, les actions «value» ont surperformé le marché pendant plusieurs années.

Cette distorsion des valorisations est propice à une rotation en faveur des actions «value», qui pourrait se dessiner en 2016. Depuis le début de l’année, le style «value» s’est comporté en ligne avec l’évolution du marché en Europe. Aux Etats-Unis, il a légèrement surperformé les principaux indices. La stratégie «value» nous paraît donc constituer une réelle opportunité, bien qu’elle ne soit pas partagée par le consensus.

Malgré les doutes sur leur solidité financière, les valeurs bancaires offrent des points d’entrée appréciables

L’activité économique est repartie en Europe. Dans ce contexte, les valeurs bancaires constituent des opportunités appréciables par leur exposition directe à la reprise du cycle du crédit en Europe. La déroute boursière observée depuis le début de l’année offre des points d’entrée particulièrement attractifs à partir du moment où le scénario d’un retour d’un scénario récessif en Europe est exclu, ce qui est notre conviction. Afin d’opérer une sélection pertinente, il convient de recenser celles qui disposent des bilans les plus sains. Malgré la sanction boursière récente, les banques ont les moyens financiers d’augmenter leur distribution de dividende. Au sein des valeurs cycliques «value», nous préférons également investir dans les sociétés disposant d’une meilleure exposition à la demande domestique européenne, avec une préférence pour les secteurs de la construction et du transport (concessions d’autoroute, logistique etc.). Ces valeurs offrent un réel potentiel de hausse des dividendes en cas de poursuite de la reprise en Europe.

Rester à l’écart des valeurs trop exposées à la concurrence internationale

A l’inverse, nous redoublons de prudence pour les valeurs plus largement exposées à la conjoncture internationale et à l’activité des pays émergents : producteurs alimentaires, sociétés de tabac, valeurs pharmaceutiques qui ont déjà beaucoup progressé, etc. Les perspectives bénéficiaires ne sont guère favorables dans le secteur de la santé, très concurrentiel et prisé par les investisseurs au cours de ces dernières années.

Dans cet environnement chahuté, les investisseurs ne doivent pas céder à la panique. Le marché a déjà anticipé un recul de l’activité en Europe. Pourtant, si le recul de la croissance mondiale se dessine, la récession ne menace pas les économies de la zone euro. En cas de rebond, les valeurs les plus décotées cumulent incontestablement un retard de valorisation à prendre en compte.

Nicolas Simar, NN IP

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