Le blog d'Arnaud-Guilhem Lamy

La revanche de la France ?

Publié le 29 juin 2018 à 15h53

Arnaud-Guilhem Lamy

Depuis de nombreuses années, le marché obligataire en euros prend comme référence les émissions de l’Etat allemand : le rendement des autres obligations de la zone est regardé selon l’écart de taux avec ce pays. Les emprunts allemands conserveront durablement leur statut de valeur refuge et d’ultime taux «sans risque». En conséquence, leur rendement restera inférieur aux taux français. Pourtant, les obligations du Trésor français pourraient voir leur attractivité se renforcer dans les mois à venir et se retrouver en première ligne. Pourquoi ? La liquidité des titres de dette allemande est en effet contrainte : le montant nominal de la dette allemande baisse avec l’accumulation de surplus budgétaires.

A l’inverse, celui de la France continue d’augmenter. Comme l’a indiqué fin février lors du US Monetary Policy Forum Benoît Cœuré, membre du directoire de la BCE, le «flottant» des obligations allemandes est très faible : selon ses calculs, près de 90 % des encours sont détenus par des investisseurs qui ne vendront pas ou peu. Il ne reste donc plus que 10 % des titres sur le marché. Par comparaison, le «flottant» de la dette de l’Etat français serait, selon nos estimations, plus de quatre fois supérieur à celui de la dette allemande en nominal. La dette française apparaît donc comme une référence bien plus liquide du marché. Quant aux spreads (écarts de taux) négatifs par rapport à cette nouvelle référence, ils devraient être gérés sans mal par les investisseurs, désormais habitués à un environnement de taux en dessous de zéro. 

Arnaud-Guilhem Lamy Responsable des stratégies obligataires euro aggregate ,  BNP Paribas Asset Management

Arnaud-Guilhem Lamy est responsable des stratégies obligataires euro aggregate au sein de BNP Paribas Asset Management.

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