Goulets d’étranglement : le poids du passé et du futur

Publié le 11 mai 2018 à 11h19

Christophe Morel

Les indicateurs macroéconomiques montrent des signes de modération. A ce stade, il est difficile de faire la part des choses entre ce qui relève d’effets transitoires (météo, saisonnalité), des incertitudes liées au protectionnisme, à la hausse du prix du pétrole et des taux d’intérêt américains, ou encore ce qui est dû aux goulets d’étranglement.

S’agissant de ces goulets d’étranglement, les entreprises émettent deux types d’explication. Soit elles reconnaissent avoir été surprises par la force de la reprise, et cela est sans doute un effet d’hystérèse de la crise conduisant à des retards dans l’investissement (singulièrement en R&D) et, ainsi, à des capacités de production aujourd’hui saturées. Soit elles signalent être confrontées à un problème de pénurie de main-d’œuvre hautement qualifiée parce qu’elles cherchent à transformer leur processus de production avec de l’innovation digitale.

Ces goulets d’étranglement peuvent avoir trois conséquences macroéconomiques. D’abord, si les entreprises sont empêchées d’accélérer leur production, les indices de climat des affaires ne vont pas retourner d’ici tôt dans la zone d’accélération, mais au contraire s’installer durablement dans la zone de modération. Ensuite, le revers de la médaille est plus positif : les carnets de commandes aujourd’hui non satisfaits le seront plus tard, ce qui alimentera durablement la croissance de l’activité. Enfin, le rééquilibrage devrait forcément passer par des hausses de prix sur les salaires et sur les biens et services.

Christophe Morel Chef économiste ,  Groupama Asset Management

Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management

Chargement en cours...