La question de la cible d’inflation

Publié le 23 juin 2017 à 12h04    Mis à jour le 23 juin 2017 à 15h53

Christophe Morel

A l’issue du dernier comité de politique monétaire, Janet Yellen a concédé que la Fed devait se reposer des questions sur sa cible d’inflation, actuellement à 2 %, et, en particulier, considérer les avantages et coûts d’un relèvement de cette cible. Un tel relèvement aurait de fortes implications puisque cela augmenterait alors la valeur d’équilibre du taux directeur nominal (actuellement à 3 %, selon la Fed).

Un rehaussement de la cible d’inflation constituerait une assurance supplémentaire face à un risque de «trappe à crédibilité», puisqu’il y aurait moins de chances que les taux directeurs se retrouvent contraints par leur borne zéro. En outre, cela contribuerait à réduire le poids de l’endettement public et privé.

Les banques centrales ne sont sans doute pas prêtes à remettre en cause leur cible d’inflation. Sans doute évoqueront-elles la «théorie addictive de l’inflation», à savoir qu’une augmentation de la cible en appellerait d’autres. Et puis, il y a une question d’opportunité : elles prendraient un risque de crédibilité alors qu’elles sont déjà bien en peine pour ancrer les anticipations d’inflation.

Cependant, la détermination des cibles d’inflation a reposé sur des hypothèses qui doivent être revisitées. Les croissances sont durablement plus basses. Les crises financières et contractions brutales de l’activité sont plus fréquentes et plus profondes que ne le suggéraient les modèles qui ont fondé des cibles d’inflation à 2 %.

La question de la cible d’inflation sera donc un «sujet» pour les marchés financiers dans les mois à venir.

Christophe Morel Chef économiste ,  Groupama Asset Management

Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management

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