L’inflation, un «faux» problème

Publié le 2 mars 2018 à 10h06    Mis à jour le 2 mars 2018 à 12h13

Christophe Morel

Beaucoup d’investisseurs s’inquiètent à la fois des risques de retournement conjoncturel (après une sortie de récession pour les Etats-Unis qui date maintenant de 9 ans) et d’une possible menace inflationniste.

S’agissant de la croissance, il convient de s’attendre à un cycle haussier plus long que d’habitude, contrecoup d’une reprise qui a été aussi plus lente et qui a conduit à un retard de la production par rapport à la consommation encore loin d’être comblé. Concernant l’inflation, elle devrait effectivement remonter en lien avec l’amélioration cyclique, mais cette remontée de l’inflation est normale, souhaitable et constitue une bonne nouvelle (la hausse de l’inflation sous-jacente soutient les chiffres d’affaires). Au final, les économies ne sont pas en surchauffe et la courbe de Phillips (qui relie le chômage au salaire) n’est pas «morte».

Les «vraies» incertitudes ne concernent pas la croissance et l’inflation, mais plutôt la Fed et l’évolution du dollar. D’une part, après un changement de gouvernance à la Fed, les investisseurs ont besoin de bien comprendre la «fonction de réaction» de J. Powell et de ceux qui seront prochainement nommés au directoire. D’autre part, la dégradation du déficit courant américain ayant pour corollaire un faible d’épargne (actuellement à 2,4 %, soit proche des plus bas historiques) suggère que le risque reste tendanciellement baissier sur le dollar. L’inflation est encore sous-estimée, si bien que les anticipations doivent encore s’ajuster, mais ce n’est sans doute pas là le «vrai» problème.

Christophe Morel Chef économiste ,  Groupama Asset Management

Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management

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