Economies avancées et émergentes : les raisons d’un découplage

Publié le 25 septembre 2015 à 12h29

Didier Borowski

Le volume du commerce mondial s’est contracté au premier semestre pour la première fois depuis 2008. Ce sont les importations des pays d’Asie qui se replient le plus nettement (- 12 % en rythme annualisé), une contraction déjà presque aussi forte que lors de la crise asiatique de 1997-1998.

Faut-il s’en inquiéter ? Oui et non. Oui, parce que ces évolutions vont naturellement peser sur la croissance mondiale et sur les profits de nombreuses sociétés exportatrices. Non, parce que les pays avancés sont en mesure de se découpler des pays émergents, et ce pour au moins deux raisons.

D’une part, parce que si le poids de l’économie chinoise dans l’économie mondiale a été multiplié par quatre depuis quinze ans, il reste très inférieur à celui des Etats-Unis (13 % vs. 22 % aux taux de change courants). L’Asie hors Japon représente 25 % du PIB mondial, contre plus de 50 % pour les économies des Etats-Unis, d’Europe et du Japon prises ensemble. On exagère donc souvent la part de la croissance mondiale venant d’Asie. Le consommateur «en dernier ressort» se trouve toujours dans les pays avancés. Or c’est lui le grand gagnant de la chute des matières premières.

D’autre part, parce que le commerce mondial a déjà beaucoup ralenti au cours des dernières années. Son rythme d’expansion moyen est passé de 7 % – durant les vingt années qui ont précédé la crise de 2008 – à 3 % entre 2011 et 2015, légèrement en deçà de la croissance du PIB mondial. Autrement dit, l’importance du commerce dans le cycle économique décline au profit de la demande domestique. Un thème à méditer pour les marchés qui ont tendance à sur-réagir aux nouvelles en provenance de Chine.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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