Fed : nous ne sommes pas en 1994 !

Publié le 26 septembre 2014 à 16h32    Mis à jour le 26 septembre 2014 à 18h22

Didier Borowski

Les marchés anticipent un cycle de normalisation monétaire de la Fed plus lent, et surtout moins prononcé que les membres du FOMC eux-mêmes. Or si le marché du travail continue de s’améliorer au même rythme qu’au cours des douze derniers mois, Janet Yellen ne cache pas que la Fed remonterait ses taux directeurs de façon plus prononcée que ce qui est anticipé. Faut-il s’en inquiéter ?

On se souvient que lorsque Ben Bernanke a évoqué, en 2013, un ralentissement graduel des achats de titres de la Fed («tapering»), un vent de panique avait soufflé sur les marchés, avec une remontée des taux longs aux Etats-Unis de plus de 100 points de base – qui avaient entraîné dans leur sillage les taux européens (et ce, sans lien avec les fondamentaux) – et surtout des sorties massives de capitaux des économies émergentes.

Pourtant, force est de constater que, malgré la fin programmée (pour fin octobre) du QE3, les taux longs américains ont baissé depuis un an et les capitaux sont de retour vers les émergents. Y a-t-il un excès de complaisance des marchés ? La volatilité est clairement beaucoup trop faible sur toutes les classes d’actifs. Cela dit, avec l’expansion annoncée du bilan de la BCE, la base monétaire mondiale va continuer de s’accroître l’an prochain. L’excès de liquidité mondiale ne va pas disparaître avec la remontée des taux de la Fed.

En outre, des ingrédients d’un scénario de «stagnation séculaire» se mettent en place (avec en particulier le vieillissement de la population et un épuisement des gains de productivité liés aux innovations passées). On estime que la croissance potentielle aux Etats-Unis est beaucoup plus faible qu’avant la crise (proche de 2 %). Dit autrement, même si la Fed remonte ses taux directeurs plus rapidement que prévu, il est très improbable de voir les taux à long terme remonter de façon durable et marquée.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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