L'analyse de Didier Borowski

Fed vs BCE : vers un découplage accru des politiques monétaires ?

Publié le 27 avril 2018 à 11h59    Mis à jour le 30 avril 2018 à 15h08

Didier Borowski

Des nuages sont apparus dans le ciel européen (repli des enquêtes, hausse du pétrole). En revanche, la plupart des signaux restent au vert aux Etats-Unis, où l’activité devrait accélérer cette année, dopée par la stimulation budgétaire.

Certes, la zone euro continue de bénéficier de bonnes perspectives de demande domestique et la plupart des enquêtes restent au-dessus de leur moyenne historique, ce que Mario Draghi n’a pas manqué de rappeler lors de sa conférence de presse du 26 avril. Mais, comme il l’a également noté, les risques globaux sont en hausse.

Et l’on peut certainement ranger dans cette catégorie, en sus du protectionnisme, la montée du baril de Brent, qui a bondi à 75 dollars sur fond de tensions au Moyen-Orient. Même si la hausse du pétrole en euros a été amortie depuis un an par la hausse de la devise européenne, le prix du baril est au plus haut depuis près de quatre ans (62 euros).

Cette hausse, si elle se poursuit, pénaliserait davantage l’activité économique en zone euro qu’aux Etats-Unis. On observe en outre que le climat des affaires est plus sensible aux chocs extérieurs en zone euro qu’aux Etats-Unis. La menace de mesures protectionnistes brandie par Trump inquiète davantage les Européens, à commencer par les Allemands (le marché américain est le premier marché à l’exportation de l’Allemagne). Dans ces conditions, la combinaison de mesures protectionnistes et d’une montée du prix du pétrole formerait un cocktail dangereux pour la croissance en zone euro et pour l’inflation aux Etats-Unis ; ce qui serait susceptible, toutes choses égales par ailleurs, de découpler davantage encore les politiques monétaires de la Fed et de la BCE.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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