Ronald Trump ?

Publié le 9 décembre 2016 à 15h06    Mis à jour le 9 décembre 2016 à 16h14

Didier Borowski

Les taux d’intérêt américains sont brutalement remontés après l’élection de Trump en raison de l’anticipation d’une politique budgétaire très expansionniste (baisses d’impôts, hausse de dépenses d’infrastructure). La poursuite de la hausse nous paraît peu justifiée. Donald Trump revendique l’héritage de Ronald Reagan et s’en inspire. Mais comparaison n’est pas raison. Au début des années 1980, l’économie américaine était en stagflation. La récession et l’inflation rendaient nécessaires la combinaison d’une politique monétaire restrictive avec une politique budgétaire expansionniste.

Aujourd’hui, la situation est tout autre : (1) l’économie est en fin de cycle (les multiplicateurs fiscaux sont affaiblis dans ce cas de figure) ; (2) l’inflation était de 14 % en 1980 vs à peine plus 2 % aujourd’hui (la Fed peut rester accommodante) ; (3) les taux à long terme sont beaucoup plus faibles aujourd’hui (moins de potentiel de baisse en cas de choc) ; (4) les entreprises sont beaucoup plus endettées qu’au début des années 1980 (moins d’investissements à attendre) ; (5) la dette publique est plus de deux fois supérieure à ce qu’elle était alors (moins de marges de manœuvre).

En 2017, ce ne sera pas l’inflation l’ennemi, mais l’excès d’épargne. Or il n’est pas dit que les allégements fiscaux permettent de relancer l’investissement d’entreprises déjà très endettées. D’autre part, des baisses d’impôts ciblant les ménages les plus aisés auraient peu d’impact (faible propension marginale à consommer). Enfin, il n’est pas question de financer les infrastructures uniquement par la dette. Sauf menace de récession, il ne faut pas compter sur un large plan de stimulation de l’économie financé par déficit.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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