Trump : une politique de dollar fort

Publié le 3 février 2017 à 11h10    Mis à jour le 16 février 2017 à 10h06

Didier Borowski

Suite à l’élection de Donald Trump, le dollar a atteint son plus haut niveau depuis 2003. L’histoire budgétaire américaine plaide en faveur d’un dollar fort : on observe que les deux phases de surréaction à la hausse du dollar au cours des quarante dernières années coïncident avec deux épisodes marquants de politique fiscale (baisses d’impôts sous Reagan au début des années 1980 puis avec Bush en 2001-2003).

En 2017, le dollar bénéficiera d’un ou de plusieurs facteurs spécifiques :

- Un décalage de cycle persistant. L’économie américaine est au plein-emploi. Une stimulation fiscale mal calibrée peut exacerber les pressions inflationnistes et contraindre la Fed à remonter davantage ses taux.

- Un probable ajustement fiscal à la frontière. En théorie, la monnaie du pays qui procède à un tel ajustement s’apprécie immédiatement par le jeu des variations attendues de l’offre et de la demande de devises. Pour une taxe de 20 %, le dollar est ainsi censé s’apprécier de 25 % pour compenser le gain de compétitivité procuré par la nouvelle taxe. Ce mécanisme de marché n’a cependant rien d’automatique.

- Des mesures protectionnistes. L’économie américaine étant assez fermée, elle serait relativement épargnée par l’affaissement du commerce mondial ; en revanche, étant proche du plein-emploi, les pressions inflationnistes se manifesteraient plus sûrement…

- Une baisse annoncée de l’impôt sur les profits rapatriés (à 10 %). Cette mesure est susceptible de générer une augmentation des entrées de capitaux et une vague de rachats d’actions américaines.

Avec les mesures envisagées, Donald Trump ne pourra sans doute pas faire l’économie d’une hausse supplémentaire du dollar.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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