BCE : un «QE», mais pourquoi ?

Publié le 5 décembre 2014 à 14h58    Mis à jour le 5 décembre 2014 à 16h52

Jean-Louis Mourier

Après les déclarations de Mario Draghi lors de la conférence de presse qui a suivi la dernière réunion de l’année du conseil des gouverneurs de la BCE consacrée à la politique monétaire, la probabilité que la Banque centrale européenne (BCE)  engage prochainement un programme important d’achats d’obligations de la zone euro a nettement augmenté.

Alors que l’inflation reste très faible, et qu’elle pourrait encore diminuer à court terme sous l’effet de la poursuite de la baisse des cours du pétrole, la BCE chercherait, par ce moyen, à empêcher que cette très faible hausse des prix ne s’intègre dans les anticipations des agents économiques. Il s’agit donc bien de diminuer le risque qu’une inflation durablement très basse dégénère en spirale déflationniste. Pour cela, trois mécanismes sont censés agir : crédibiliser l’engagement de la banque centrale à agir et donc éviter la dégradation des anticipations ; assouplir les conditions de financement ; enfin, en augmentant le prix des actifs les moins risqués et en faisant diminuer leurs rendements, elle doit provoquer des arbitrages de portefeuille en faveur des actifs risqués.

Il est toutefois permis de douter des enchaînements attendus dans le cas de la zone euro aujourd’hui. D’abord, au regard des expériences passées, la baisse des taux d’intérêt d’Etat n’a rien d’évident, d’autant que ces derniers sont déjà extrêmement bas. Les arbitrages de portefeuille pourraient, ainsi, rester marginaux, d’autant que les actions européennes ne sont pas spécialement «bon marché». Seul l’impact psychologique sur le comportement des investisseurs et des agents économiques pourrait se produire. C’est déjà beaucoup.

Jean-Louis Mourier Economiste ,  Aurel BGC

Jean-Louis Mourier occupe la fonction d’économiste chez Aurel BGC, société de courtage qu’il a rejoint en 1998. Titulaire d’un DEA d’économie internationale obtenu à Grenoble, Jean-Louis Mourier exerce la profession d’économiste dans des institutions financières depuis plus de 20 ans. D’abord au sein du groupe Louis-Dreyfus, puis chez Aurel, il suit la conjoncture des pays de l’OCDE, et plus particulièrement de la zone euro, ainsi que de quelques économies émergentes. Il s’intéresse notamment aux politiques monétaires et aux mouvements internationaux de capitaux.

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