Déflation : la BCE vigilante, mais dubitative…

Publié le 4 avril 2014 à 10h54    Mis à jour le 4 avril 2014 à 16h37

Jean-Louis Mourier

Dans la zone euro, les capacités de production sont évidemment excédentaires. La production manufacturière reste inférieure de 10 % au niveau moyen du premier semestre 2008, juste avant le début de la «grande récession», et le taux d’utilisation des capacités de production reste plus faible que sa moyenne de long terme. Il en résulte des pressions sur les prix de vente des industriels, qui se répercutent jusqu’au consommateur. La forte baisse de l’inflation depuis un an, qui s’est amplifiée ces derniers mois, résulte certes, en grande partie, de la diminution marquée des prix des produits énergétiques importés, mais les capacités excédentaires, voire très excédentaires dans certaines branches, pèsent aussi.

Dans ce contexte, la Banque centrale européenne (BCE) se montre préoccupée des effets potentiels d’une inflation «trop longtemps trop basse», mais elle se rassure par l’examen d’indicateurs montrant que les agents économiques financiers et non financiers n’ont pas (encore) intégré la persistance de ces niveaux d’inflation dans leurs anticipations, en particulier à long terme. Les banquiers centraux se déclarent prêts à agir si «l’ancrage» de ces anticipations était menacé. Des clés de lecture ont été données lors des conférences de presse qui ont suivi les deux dernières réunions du conseil des gouverneurs de la BCE consacrées à l’examen de la politique monétaire : une révision à la baisse des perspectives de croissance, déjà faibles, remettrait en cause l’amorce de réduction des capacités excédentaires, ou des statistiques d’inflation encore décevantes ces prochains mois induiraient une action de la Banque centrale, action dont la nature reste à préciser…

Jean-Louis Mourier Economiste ,  Aurel BGC

Jean-Louis Mourier occupe la fonction d’économiste chez Aurel BGC, société de courtage qu’il a rejoint en 1998. Titulaire d’un DEA d’économie internationale obtenu à Grenoble, Jean-Louis Mourier exerce la profession d’économiste dans des institutions financières depuis plus de 20 ans. D’abord au sein du groupe Louis-Dreyfus, puis chez Aurel, il suit la conjoncture des pays de l’OCDE, et plus particulièrement de la zone euro, ainsi que de quelques économies émergentes. Il s’intéresse notamment aux politiques monétaires et aux mouvements internationaux de capitaux.

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