14 % du PIB : les profits des entreprises espagnoles contre 6 % pour les entreprises françaises

Publié le 4 avril 2014 à 9h53    Mis à jour le 30 avril 2014 à 18h06

Patrick Artus

Le gouvernement espagnol vient de décider une forte baisse des cotisations sociales des entreprises pour les nouvelles embauches avec des contrats de travail de plus de trois ans : les employeurs ne paieront que 100 euros par mois forfaitairement de cotisations sociales. Les observateurs et les analystes se sont réjouis de cette mesure ; pourtant elle est bizarre.

En effet, les entreprises espagnoles bénéficient d’un coût du travail faible. Une heure de travail dans l’industrie, charges sociales comprises, coûte 22 euros en Espagne, contre 29 euros en Italie et 36 euros en France et en Allemagne. La compétitivité de l’Espagne est donc très forte, et n’a pas besoin d’être améliorée.

Par ailleurs, avec ce coût du travail faible et le redressement de la productivité du travail, la profitabilité des entreprises espagnoles est devenue extrêmement forte : les profits de ces entreprises représentent 14 % du produit intérieur brut contre 6 % en France et 8 % en Italie. On ne comprend donc pas bien la dernière mesure de politique économique du gouvernement espagnol : pourquoi dépenser de l’argent public pour réduire le coût du travail si la compétitivité-coût est forte et si la rentabilité des entreprises est très forte ?

Patrick Artus Chef économiste ,  Natixis

Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Depuis 1998, il était directeur de la recherche et des études de Natixis. Il a été promu chef économiste en mai 2013.

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