L’écart entre le taux d’intérêt à long terme et la croissance nominale : -1,2 point en Allemagne à + 2,2 points en Italie

Publié le 17 octobre 2014 à 11h05    Mis à jour le 17 octobre 2014 à 16h57

Patrick Artus

Le débat sur la présence ou non d’une situation de déflation dans la zone euro est très vif. Ceux qui pensent que la zone euro est en déflation demandent à la Banque centrale européenne d’agir rapidement, de passer au Quantitative Easing, d’essayer de déprécier l’euro. Mais une croissance faible et non inflationniste n’est pas une déflation : une déflation est une situation où le seuil de l’inflation, en raison de la rigidité des taux d’intérêt nominaux, fait monter anormalement les taux d’intérêt réels ce qui déprime encore davantage la demande. Les taux d’intérêt à court terme de la zone euro sont très faibles ; la question se pose donc pour les taux d’intérêt à long terme. Il faut comparer par exemple, les taux d’intérêt à long terme nominaux et la croissance nominale. En Allemagne, à la fin d’août 2014, le taux d’intérêt à 10 ans était de 1 %, la croissance nominale attendue de 2,2 % (1,6 % de croissance réelle, 0,6 % d’inflation) ; en France, le taux à 10 ans est de 1,4 %, la croissance nominale de 1 % (0,5 + 0,5) ; en Espagne, le taux d’intérêt à 10 ans est de 2,4 %, la croissance nominale de 1,4 % (1,2 + 0,2) ; en Italie, le taux d’intérêt à long terme est de 2,6 %, la croissance nominale de 0,4 % (0,2 + 0,2). L’Allemagne et la France ne sont certainement pas en déflation ; l’Espagne n’est pas loin d’une déflation, l’Italie est certainement en déflation.

Patrick Artus Chef économiste ,  Natixis

Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Depuis 1998, il était directeur de la recherche et des études de Natixis. Il a été promu chef économiste en mai 2013.

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