Déconnexion entre marchés de taux mondiaux

Publié le 2 décembre 2016 à 15h47

Patrick Barbe

Les fondamentaux économiques justifient, depuis la crise, la divergence des taux entre les Etats-Unis et la zone euro : la soutenabilité de la croissance américaine provient de la réindustrialisation du pays ayant conduit au plein-emploi et à un taux d’inflation bien ancré en territoire positif. A l’inverse, la zone euro reste fragmentée sur le plan économique, ce qui conduit à douter de sa capacité à se réformer : le chômage tardant à baisser, le risque de déflation demeure. Les politiques monétaires des banques centrales confirment ces différences : la Fed a établi un calendrier de remontée de ses taux directeurs pour lutter contre le risque de bulle par surendettement, comme dans l’immobilier commercial. A l’inverse, la BCE note les difficultés de transmission de sa politique monétaire ultra-accommodante dans certains pays où le système bancaire reste fragile et ne contribue pas au soutien de la croissance : elle devrait prolonger en 2017 cette politique quantitative accommodante puis attendre au moins jusqu’en 2019 pour envisager de remonter ses taux directeurs. Le contexte politique finit de différencier les zones géographiques. Le nouveau président américain veut baisser les impôts sur les sociétés tout en augmentant la dépense publique pour financer des projets d’infrastructures avec un objectif protectionniste qui pourrait bien isoler les Etats-Unis.

Patrick Barbe Responsable de la gestion obligataire euro ,  BNP Paribas AM

Patrick Barbe est responsable de la gestion obligataire euro de BNP Paribas AM.

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