Règle ou politique discrétionnaire

Publié le 27 octobre 2017 à 9h55    Mis à jour le 31 octobre 2017 à 12h26

Philippe Weber

Au moment où la succession de Mme Yellen se décide, le débat entre règles et politiques discrétionnaires («Rules vs. Discretion») redevient d’actualité.

D’un côté, certains économistes estiment que, dans un but de transparence et de prévisibilité, la banque centrale doit disposer d’une règle fixant a priori le niveau de l’outil monétaire (taux directeur, par exemple) en fonction de paramètres connus. Citons les règles monétaristes qui fixent un objectif de croissance à un agrégat monétaire, en général les comptes des banques à la banque centrale (M0) puisqu’ils dépendent entièrement de celle-ci, ou la règle de Taylor, qui estime un taux court en principe optimal en fonction de l’inflation, de l’écart entre production effective et production potentielle («output gap») et du taux «neutre». Le problème est double. D’une part, les mécanismes de l’économie et les systèmes de paiement changent : piloter M0 a permis à M. Volcker de juguler l’inflation dans les années 1980, mais M0 n’a plus aucun impact sur les prix. Dans la règle de Taylor, il faut estimer l’output gap et surtout le taux neutre, décider de la pondération entre prix et activité – choix eux-mêmes discrétionnaires. Si le monde change, une règle a toutes les chances de devenir erronée. Certes elle est transparente, mais que faire d’une transparence fausse ? Depuis la crise, toutes les banques centrales sont discrétionnaires – le résultat n’est pas si mauvais. Si on fait erreur, on peut changer, si la situation est inédite, on peut innover. Une chose est de consulter une ou plusieurs règles pour information, une autre est de l’appliquer mécaniquement : la politique monétaire doit rester une politique.

Philippe Weber

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