« Y penser toujours, n’en parler jamais »

Publié le 26 septembre 2014 à 10h13    Mis à jour le 26 septembre 2014 à 18h22

Philippe Weber

Le taux de change est un peu à la Banque centrale européenne (BCE) ce que l’Alsace-Lorraine était à Gambetta : une motivation devenue essentielle sans qu’elle soit explicite. En effet, cette préoccupation a sans doute été à l’origine des dernières décisions de la banque centrale. Il est difficile d’imaginer qu’une baisse de 0,1 % des taux directeurs, par exemple, puisse avoir un impact sensible sur l’économie. Les achats d’ABS ou d’obligations sécurisées ne feront sentir leurs éventuels effets que graduellement, et les montants en jeu seront de toute façon limités. Mais le fait même que la BCE ait agi a eu un impact sur le marché des changes, et sa volonté explicite d’augmenter la taille de son bilan également. En effet, on constate une corrélation assez frappante entre le rapport des tailles de bilan de la BCE et de la Réserve fédérale, d’une part, et le taux de change euro-dollar, d’autre part. On objectera que la zone euro bénéficie d’un excédent courant et que, par rapport à sa moyenne de long terme, l’euro ne semble pas spécialement surévalué. Certes, mais c’est en raison du cycle économique qu’une dépréciation serait, ou sera, bienvenue : la faiblesse du dollar n’a pas nui aux Etats-Unis ! Au total, par rapport à son cours le plus haut du début de l’année, l’euro a perdu plus de 8 % par rapport au dollar, et plus de 4 % en taux de change effectif (pondéré). A soi seul, cela devrait permettre d’accroître l’activité (jusqu’à 1 point de croissance pour 10 % de dépréciation) et l’inflation (le CEPII avance un effet total de 0,8 point d’inflation pour 10 % de dépréciation).

Philippe Weber

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