La volatilité, un proxy du risque

Publié le 23 février 2018 à 12h03    Mis à jour le 27 février 2018 à 16h57

Thierry Million

En 2017, l’indice VIX, qui estime la volatilité future du S&P 500, n’avait pas dépassé 17 %. Au début de ce mois de février, pendant la correction des marchés d’actions américains, le VIX s’était envolé à 50 % en deux jours. Il est ensuite retombé à 19 %. S’agit-il des prémices d’un changement de régime ?

Les politiques monétaires des banques centrales de quasi-suppression des taux d’intérêt et d’injections massives de liquidités ont été d’énormes déflateurs de volatilité. La transparence de leur «forward guidance» a diminué drastiquement l’incertitude. Ces opérations ont stimulé la croissance mondiale, mais elles ont également encouragé les investisseurs en recherche de rendements attractifs à s’aventurer dans des univers de risque qui vont au-delà de leur périmètre habituel. La faiblesse de la volatilité donne l’illusion d’une absence de danger sur des placements potentiellement illiquides et dont la probabilité de défaut n’a pas forcément diminué.

Or, l’inversion actuelle des politiques monétaires, raréfiant et renchérissant les liquidités, provoque des débouclements soudains de positions. Celles-ci deviennent intenables du fait de la hausse des métriques de type «Value at Risk». Ce phénomène procyclique est encore exacerbé par le trading algorithmique, prompt à accentuer les mouvements. De surcroît, les investisseurs qui habituellement achètent à la baisse pour capter de fortes primes de risque sont freinés par les nouvelles réglementations.

Cette dernière flambée du VIX ne s’est pas propagée à l’ensemble des classes d’actifs. Néanmoins, la mise en place d’une nouvelle hiérarchie des rendements s’accompagnera d’inévitables pics de volatilité.

Thierry Million Directeur de la gestion obligataire ,  Allianz Global Investors France

Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.

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