Le dollar, une devise refuge qui rapporte

Publié le 18 mai 2018 à 16h32    Mis à jour le 23 mai 2018 à 15h36

Thierry Million

En début d’année, le dollar s’était inscrit dans un mouvement baissier. Après avoir touché un plus bas à 1,25 contre euro à la fin du mois de janvier, la tendance sur le dollar s’est soudainement inversée à la hausse. En quelques semaines, sa progression atteint près de 6 %, non seulement par rapport à l’euro, mais également à l’égard du yen, du sterling et des devises des pays émergents.

Du point de vue des fondamentaux, le dollar est soutenu par des perspectives économiques meilleures aux Etats-Unis que dans le reste du monde. Les risques politiques favorisent également le billet vert, notamment la décision de Donald Trump de sortir de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran et les échanges difficiles avec la Corée du Nord. S’y ajoutent les inquiétudes sur le peso argentin (- 22 % depuis le 1er janvier) et la lire turque (-14 %), car ces deux pays ont en commun un déficit courant abyssal, un interventionnisme très fort et une inflation à deux chiffres.

Enfin, un facteur technique joue un rôle majeur dans le rebond du dollar, à savoir le coût croissant de la couverture de change. Les anticipations de hausses des taux directeurs de la FED propulsent les taux courts américains toujours plus haut. Le rendement du bon du Trésor à deux ans s’élève à près de 2,60 %. Il en résulte un écart de taux avec la zone euro de + 3,15 %. En conséquence, les investisseurs débouclent leurs couvertures en rachetant le dollar pour en capter le rendement.

Ainsi, le billet vert va continuer d’être soutenu, car en plus de rester une devise refuge, le différentiel de taux d’intérêt redevient moteur dans l’évolution des parités de change.

Thierry Million Directeur de la gestion obligataire ,  Allianz Global Investors France

Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.

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