Le renminbi à la merci du dollar

Publié le 13 janvier 2017 à 10h01    Mis à jour le 13 janvier 2017 à 12h16

Thierry Million

Depuis le mois d’août 2015, la monnaie chinoise affiche 11 % de baisse contre le dollar. La tendance s’est singulièrement accélérée depuis l’élection de Donald Trump. Près de 7 yuans sont maintenant nécessaires pour acquérir un dollar.

Les autorités chinoises ont tenté de casser cette spirale en relevant de près de 1 %, il y a quelques jours, le taux qui s’applique à la vente à terme de la devise contre dollar. Cette action fait suite à de précédentes mesures contraignantes de déclaration et de plafonnement pour tous montants convertis ou transférés hors du pays. De plus, le ministère du Commerce envisage d’interdire les investissements hors de Chine supérieurs à 10 milliards de dollars (en progression de 55 % sur les onze premiers mois de 2016). Ces mêmes dirigeants entendent assouplir les restrictions imposées aux investissements étrangers, ce qui assurerait un soutien à la monnaie chinoise.

Initialement, la dépréciation du renminbi était ardemment souhaitée par le gouvernement, qui veut restaurer la compétitivité externe de la Chine. Mais la transition vers une économie de services dans un contexte de contraction du commerce mondial (relocalisation, taxation des importations) génèrent des incertitudes à l’origine des sorties de capitaux. Le mouvement s’auto-entretient et fait boule de neige, car les vendeurs de yuans peuvent les racheter ultérieurement à un cours déprécié, matérialisant un gain quasi certain. La Banque populaire de Chine (PBoC) freine la baisse, mais cette politique lui coûte très cher. Ses réserves de change, de 4 000 milliards d’euros en juin 2014, diminuent vers les 3 000 milliards de dollars et se rapprochent du seuil, inquiétant pour les investisseurs, de 2 800 milliards de dollars, minimum recommandé par le FMI.

Même s’il est certain que la Chine dispose encore de moyens nécessaires au soutien de son économie, elle sera contrainte d’accompagner le relèvement des taux de la Fed, au prix d’une croissance atténuée par des coûts de financement plus élevés.

Thierry Million Directeur de la gestion obligataire ,  Allianz Global Investors France

Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.

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