Management

Avez-vous pensé aux crèches d’entreprise ?

Publié le 24 août 2018 à 16h01

Anaïs Trebaul

En place depuis plusieurs années dans les très grandes sociétés, les crèches d’entreprise ont vu leur organisation évoluer et deviennent accessibles financièrement à un plus large spectre de structures.

«Une place en crèche est l’investissement social le plus rentable pour une entreprise !», affirme Elsa Hervy, déléguée générale de la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC). Cependant, si les avantages sociaux peuvent paraître évidents (lutte contre l’absentéisme, féminisation de l’entreprise, ou encore fidélisation des salariés), et qu’il est a priori peu coûteux, ce dispositif est encore peu utilisé.

Il faut dire que le mode d’organisation des crèches d’entreprise était il y a peu encore peu adapté aux besoins des sociétés. En effet, il y a quelques années, celles-ci étaient surtout situées près du siège, partagées entre plusieurs grandes entreprises proches ou réservées exclusivement à l’une d’entre elles. Ce mode de fonctionnement comportait ainsi plusieurs limites pour les salariés. «Pour les parents habitant loin de leur lieu de travail, le transport des enfants jusqu’à la crèche pouvait être complexe», remarque Elsa Hervy. De plus, l’entreprise ne s’en sortait pas forcément gagnante. «Initialement, le modèle de la crèche d’entreprise était une structure dédiée à une seule société, rappelle Dominique Perrier, directrice commerciale chez Babilou. Cette dernière devait s’engager sur des durées longues, de l’ordre de dix ans. Or dans cette situation, il arrivait régulièrement que la totalité des berceaux ne soit pas utilisée.»

Un fonctionnement en réseau

Ainsi, si certains groupes ont gardé ce mode de fonctionnement, une nouvelle offre en réseau s’est développée il y a quelque temps pour éviter ces pertes d’argent. «Désormais, les entreprises réservent des berceaux selon les quantités dont elles ont besoin, dans différentes crèches situées où les parents préfèrent y laisser leur enfant», indique Elsa Hervy. En plus d’avoir ouvert l’accès de ces crèches à des structures de tailles moyennes, voire des TPE, cette organisation apporte à ses bénéficiaires plusieurs avantages.«Avec ce principe, les entreprises utilisent plus facilement tous les berceaux qu’elles réservent et cela facilite l’équité entre les collaborateurs, précise Dominique Perrier. De plus, elles ne s’engagent que sur une durée limitée correspondant souvent au cycle moyen d’accueil en crèche.» De plus, la mise en place est plus simple. «Un des besoins des entreprises clientes est d’être accompagnées dans le dimensionnement des berceaux à réserver et d’étudier le maillage géographique le plus adapté, observe Dominique Perrier. Une fois que l’entreprise vient vers nous pour réserver le nombre de places souhaitées, il faut compter vingt-quatre heures pour une PME à quinze jours maximum pour un plus grand groupe afin qu’elle puisse bénéficier de ses places en crèche.» Un mode de fonctionnement qui n’empêche pas les plus grandes entreprises de faire des économies d’échelle. «Le coût annuel d’un berceau pour une entreprise en Ile-de-France est de 15 000-16 000 euros, et de 11 000-12 000 euros dans les autres régions, estime Dominique Perrier. Ce coût diminuera en fonction du nombre de berceaux réservés».

Des soutiens financiers

Si ces montants peuvent a priori sembler élevés, plusieurs soutiens financiers viennent néanmoins limiter ce coût.

«D’abord, ce montant est en grande partie déductible des impôts, note Sylvain Forestier, président de La Maison Bleue.Ensuite, depuis 2003, les entreprises bénéficient d’un crédit d’impôt famille (CIF) de 50 % sur leurs dépenses liées aux crèches, plafonné à 500 000 euros par an. Ainsi, pour la réservation d’un berceau à 15 000 euros, le coût réel pour l’entreprise n’est que de 2 550 euros.» A noter cependant que d’autres frais, comme ceux relatifs au financement des chèques emploi service universel (Cesu), sont pris en compte dans le calcul de ce plafond et amènent souvent les entreprises à faire un arbitrage entre ces deux dispositifs. Du côté des salariés, les montants à verser sont également limités. «Environ un quart du prix total d’un berceau est pris en charge par la famille et la CAF, poursuit Sylvain Forestier. Ceux-ci doivent en effet se partager, sous condition de revenu, le versement de cinq euros par heure de réservation de berceau. Ce montant est fixe, quelle que soit la localisation, la société de crèche…»

Un outil qui semble ainsi convaincre de plus en plus d’entreprises et de salariés. Les spécialistes du secteur ouvrent en effet régulièrement de nouvelles crèches, et déploient même des offres complémentaires, à destination des salariés ayant déjà leur propre mode de garde.

Questions à Christine Dubreuilh, manager France Corporate Health & Safety chez IBM France

Pourquoi avoir mis en place une crèche d’entreprise ?

Le groupe compte en France près de 7 000 salariés, dont environ 4 700 sur le secteur Paris-banlieue. De nombreux collaborateurs sont confrontés quotidiennement aux problèmes de garde des enfants, en particulier en région parisienne.

A l’origine, la mise en place d’une crèche d’entreprise ne faisait pas partie des priorités stratégiques du groupe. En 2010, le comité d’entreprise (CE) de Paris-banlieue a mené une enquête auprès des collaborateurs d’Ile-de-France pour analyser leurs besoins en la matière. Cette étude a été un levier. Le projet a ainsi été accepté et lancé sur cette zone.

Comment ce dispositif a-t-il été déployé ?

En 2011, après un appel d’offres auprès de plusieurs fournisseurs, IBM a choisi de travailler avec Babilou. Le projet a été déployé sur trois ans, avec 40 berceaux la première année, et une progression de 10 berceaux par an. 15 berceaux ont été réservés dans des locaux près du siège et le reste dans des crèches du réseau en région parisienne. A la fin du contrat, face à l’intérêt des collaborateurs pour ce dispositif, la direction a choisi de le renouveler. Le nombre de berceaux au siège a toutefois diminué pour augmenter ceux en réseau, car la demande y est plus importante. Actuellement, nous avons 60 places en crèche.

Son coût est-il important ?

IBM a réussi à en limiter le coût en utilisant plusieurs outils à disposition des entreprises. Nous avons d’abord choisi d'utiliser uniquement son crédit d’impôt famille pour le financement des crèches (plafonné à 500 000 euros et qui peut aussi être utilisé pour les chèques emploi service). Ensuite, élément moins fréquent mais intéressant, le CE de Paris-banlieue intervient pour financer une partie du montant dû par le groupe.

Quelles évolutions sont envisagées ?

Nous avons déjà complété cet outil par des produits annexes, notamment en proposant des gardes d’urgence à tous nos salariés en France. De plus, grâce à la renégociation des coûts, nous prévoyons de porter notre nombre de berceaux à 70.

Par ailleurs, le regroupement des CE en comité social économique (CSE) pourrait amener le groupe à étendre le périmètre géographique de nos crèches d’entreprise.

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