Recrutement

Des métiers d’avenir dans l’ISR

Publié le 9 juin 2017 à 18h05

Chloé Consigny

Depuis une décennie, les métiers liés à la prise en compte de critères ESG gagnent du terrain. En entreprise, la direction du développement durable ou de la RSE devient de plus en plus un poste stratégique. Dans le même temps, les agences de notation, les cabinets de conseil et les sociétés de gestion se dotent d’analystes aux compétences extra-financières avérées. Tour d’horizon des métiers d’un secteur à fort potentiel de développement.

Ils sont analystes extra-financiers, gestionnaires de fonds ISR, ou encore directeurs du développement durable ou de la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) au sein de sociétés cotées. Depuis le début des années 2000, leur nombre n’a cessé d’augmenter, avec une accélération particulièrement importante depuis deux à trois ans, à la fois portée par une prise de conscience post-crise et par la mise en place d’un nouveau cadre réglementaire incitatif, à l’instar de l’article 173 de la loi sur la transition énergétique. «Nous sommes aujourd’hui dans une phase passionnante de transformation, explique Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic. En effet, durant de nombreuses années, les relations entre responsables RSE et investisseurs ISR étaient très limitées. Nous assistons aujourd’hui à une convergence de ces acteurs. De fait, le secteur se professionnalise avec de réelles opportunités d’embauches.»

Des experts recherchés par les entreprises

Au sein des groupes cotés, les responsables développement durable ou RSE siègent désormais fréquemment au Comex, car ils sont véritablement impliqués dans la stratégie. Les sociétés du CAC 40 ayant obligation de rédiger annuellement un rapport sur leurs actions environnementales, elles s’entourent d’experts capables de les accompagner dans cette tâche et de les guider dans la mise en place d’une politique plus responsable et durable. Au sein des équipes RSE, les profils sont alors variés : jeunes diplômés issus d’école de commerce ou profils universitaires avec une composante développement durable dans leur formation. Les professionnels issus déjà de l’univers de l’ISR, comme ceux ayant précédemment occupé des postes d’analystes extra-financiers au sein de sociétés de gestion, sont également très recherchés. Les profils les plus séniors, en revanche, accèdent très majoritairement aux fonctions développement durable et RSE par mobilité interne, ayant précédemment été directeur financier ou encore directeur des ressources humaines. Des postes de fin de carrière hautement stratégiques qui nécessitent d’avoir une vision globale de l’entreprise.

Les métiers liés à l’ISR se diffusent également au sein des agences de notation et des cabinets de conseils. «Les nouveaux recrutements au sein de notre agence sont avant tout liés à la croissance de notre activité, explique Emmanuel de La Ville, directeur général d’EthiFinance. Jusqu’à présent, les analystes ESG au sein de notre agence avaient des profils généralistes. Nous avons récemment opéré un rapprochement avec une agence financière, Spread Research, aussi, à l’avenir, les recrutements seront un peu différents car nous rechercherons des profils à double compétence : financière et extra-financière.»

Pour cette typologie d’experts, les profils académiques et financiers restent pourtant largement plébiscités. «Il est beaucoup plus simple pour un analyste financier de se tourner vers l’analyse extra-financière que l’inverse», explique Emmanuel de La Ville. Un constat également partagé par d’autres professionnels. «Il faut bien avoir à l’esprit que le plus difficile à changer demeure la culture qui reste avant tout financière, indique Anne-Catherine Husson-Traore. En France, les formations d’ingénieurs sont encore les plus recherchées et, pourtant, des profils mixtes, avec une réelle ouverture d’esprit sur des sujets autres que l’analyse financière, ont beaucoup à apporter au monde de la finance.»

Des profils hybrides très recherchés

Néanmoins, les formations dans les métiers de l’ISR commencent à se professionnaliser peu à peu, via des formations initiales de plus en plus poussées, mais également via des parcours professionnels riches qui tirent à la hausse les niveaux de compétences requis. Les sociétés de gestion spécialisées en ISR tendent ainsi à valoriser de plus en plus les profils hybrides, dotés à la fois de capacité d’analyse financière et extra-financière.

«Nous recherchons la complémentarité des profils, explique Bertille Knuckey, responsable ISR chez Sycomore Asset Management.Ainsi, au sein de nos équipes ESG, le profil idéal est la personne dotée d’une réelle appétence pour les problématiques sociétales, environnementales et de gouvernance, combinée à une très bonne compréhension de la finance de marché et de la comptabilité d’entreprise.»

Si les plus juniors peuvent se former via un double cursus, par exemple un master de finance complété par une année de spécialisation (cf. Encadré), pour les plus séniors, c’est l’expérience qui prime. Ainsi, les profils initialement analystes financiers ayant évolué vers des problématiques ESG peuvent facilement évoluer d’une société de gestion à une autre, d’autant que sur la place de Paris, ils sont encore peu nombreux.

Des perspectives d’évolution multiples

Par la diversité des sujets qu’ils embrassent, les métiers de l’ISR offrent également d’autres opportunités d’évolutions. «Au-delà de la prise en charge d’une équipe de gestion ISR, certains analystes évoluent vers le conseil au sein de cabinets internationaux ou encore en créant leur propre structure, détaille Bertille Knuckey. La microfinance est également une évolution possible.» Il n’est pas rare non plus de voir les analystes-gérants, les experts des agences de notation et les conseils dotés de cette double compétence rejoindre les rangs des équipes développement durable des entreprises. L’inverse est moins vrai car l’expérience en RSE au sein d’une société cotée ne suffit souvent pas à rejoindre les rangs d’une société de gestion.

Quelles formations pour devenir analystes ISR ?

  • Les profils hybrides, c’est-à-dire dotés de compétences d’analyse financière et extra-financière, sont aujourd’hui très recherchés par les sociétés de gestion spécialisées en ISR. «Mais ces profils-là existent rarement en sortie d’école», nuance Anne-Catherine Husson-Traore. En effet, rares sont les formations bac + 5 à proposer des formations hybrides à la fois en finance et en environnement, à l’exception par exemple de celles proposées par Kedge Business School ou encore par l’Université Paris-Dauphine, via la chaire Finance et Développement durable. Reste aux étudiants à composer eux-mêmes leur cursus, par exemple en terminant leur cycle traditionnel en finance ou en ingénierie par un master spécialisé sur les problématiques environnementales.
  • Pour les analystes en fonctions, là encore, les formations sont encore aujourd’hui assez rares. Si les plus grandes maisons élaborent des process de formations en interne, les plus petites peuvent faire appel à leurs conseils ainsi qu’aux cabinets spécialisés qui sont de plus en plus nombreux à se positionner sur le créneau conseil et formations.

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