Risk management

Des profils difficiles à recruter

Publié le 10 avril 2014 à 14h56    Mis à jour le 1 septembre 2014 à 12h26

Alexandre Rajbhandari

Alors que la gestion des risques est une préoccupation de plus en plus importante des directions financières, ces dernières font face à une pénurie de candidats pour s’en occuper. En effet, rares sont les profils qui affichent les compétences nécessaires pour postuler à ce type de postes.

Vous êtes directeur financier et vous peinez à trouver des candidats pour renforcer votre équipe de gestion des risques ? Apparemment, vous n’êtes pas le seul ! En effet, selon une étude récente menée par le cabinet de recrutement Robert Half sur les métiers en pénurie auprès des directions financières, le métier de responsable de gestion des risques figure parmi les professions les plus difficiles à pourvoir.

Certes, dans l’ensemble, les volumes de recrutement en gestion des risques sont très faibles. D’une part, la demande des directeurs financiers ne porte pas prioritairement sur ce type de poste, et d’autre part, toutes les entreprises n’ont pas les ressources suffisantes pour créer des postes dédiés à cette fonction. Les mandats de recherche sont donc rares, et représentent une petite part des missions sur lesquelles travaillent les chasseurs de têtes. Toutefois, ces derniers remarquent une légère augmentation de la demande des entreprises. «Depuis trois mois, ces postes représentent entre 4 et 5 % de notre activité, alors que nous n’en avions pas du tout l’année dernière par exemple», témoigne ainsi Bruno Fadda. Une progression qui s’explique par le fait que la gestion des risques commence à représenter une fonction stratégique des entreprises, et les directeurs financiers y consacrent plus d’attention qu’auparavant. «La dégradation progressive du contexte économique actuel a fortement influencé la propension des directeurs financiers à renforcer l’appréhension de leurs risques, par exemple pour tout ce qui concerne les risques de trésorerie», explique Bruno Fadda.

Des compétences requises particulières

Dans un premier temps, les entreprises qui commencent à s’intéresser à la maîtrise de leurs risques financiers s’occupent en priorité de leurs risques internes, à savoir la prévention des fraudes et le respect de la réglementation. Des aspects qui demandent une grande expérience du terrain et des processus de l’entreprise. D’ailleurs, certaines sociétés préfèrent recruter des collaborateurs issus de leurs propres rangs pour les former elles-mêmes aux problématiques de maîtrise des risques.«Les entreprises qui privilégient une bonne connaissance de leur propre fonctionnement choisissent donc de recruter en interne», témoigne Marie Castella. Mais de plus en plus d’entreprises préfèrent embaucher des spécialistes expérimentés à la gestion des risques. «Dans ce cas, nous approchons des profils qui affichent au moins une expérience en cabinet de conseil en risk management, ou dans un cabinet d’audit, préférablement un des “Big 4”, au sein d’une cellule qui se focalise plus particulièrement vers la gestion des risques», explique ainsi Marie Castella. Des critères de sélection très précis, qui restreignent automatiquement le nombre de candidats potentiels, et qui rendent le recrutement plus difficile. Et ce, même si les entreprises se tournent principalement vers des profils jeunes, qui affichent environ sept années d’expérience, pour les faire progresser en interne par la suite.

Des profils divers pour les grands groupes

La recherche des candidats est encore plus difficile lorsqu’il faut répondre aux besoins de plus grands groupes, qui disposent déjà de généralistes de la gestion des risques internes, et cherchent désormais des collaborateurs spécialisés. Parmi les problématiques qui intéressent particulièrement les directeurs financiers figure la gestion des risques assurantiels des entreprises. Un domaine qui demande de recruter des profils plus expérimentés, et qui sont très familiers de ces sujets. «L’entreprise s’intéressera principalement à des candidats issus du secteur de l’assurance ou de la réassurance, ou alors à des professionnels qui connaissent déjà le métier de gestion des risques assurantiels lui-même, explique ainsi Johann Van Nieuwenhuyse. Dans ce dernier cas de figure, nous sommes amenés à chercher des candidats directement chez les concurrents.»

Pour d’autres entreprises, la principale préoccupation en termes de prévention des risques concerne la trésorerie. Les directeurs financiers souhaitent se doter de collaborateurs qui pourront appuyer le directeur de la trésorerie dans le suivi de ces risques et les actions de protection à mettre en place. Dans ce domaine, les compétences requises par les recruteurs sont encore différentes. «Pour ce type de poste en particulier, nous recherchons des profils qui connaissent particulièrement les problématiques de couverture de changes, poursuit Johann Van Nieuwenhuyse. Dans ce cadre nous allons plutôt leur présenter des candidats qui sont issus du milieu de la banque d’affaires, de banques internes de grandes entreprises, ou alors qui ont déjà travaillé dans un département de trésorerie d’une entreprise du CAC 40.»

Des rémunérations attractives

Autant d’exigences qui, en retour, sont à l’avantage des candidats lorsqu’ils négocient leur salaire. Leur rareté fait que ces derniers sont automatiquement dans une position de force, et les entreprises en sont conscientes. Même lorsqu’elles se tournent vers des profils plus jeunes, elles sont désormais prêtes à les rémunérer en conséquence, surtout lorsqu’elles approchent des consultants.

 «Au sein des cabinets d’audit, la politique d’augmentation salariale est très dynamique, explique Bruno Fadda. Pour convaincre ces professionnels de les rejoindre, nos clients sont prêts à proposer des salaires plus importants à l’embauche. De ce fait, un profil junior qui affiche environ sept ans d’expérience peut prétendre à une rémunération comprise entre 55 000 et 70 000 euros annuels.» Et pour les postes qui nécessitent des compétences plus techniques, comme la gestion des risques assurantiels ou de trésorerie, la rémunération peut être beaucoup plus élevée. «La rémunération dépend du profil de chaque candidat et de son expérience, constate Johann Van Nieuwenhuyse. Elle peut aller jusqu’à 100 000 euros annuels dans certains cas.» En outre, la demande pour des profils seniors devrait se poursuivre au fur et à mesure que les entreprises développent leur équipe de gestion des risques. Ainsi, alors que beaucoup de professionnels du risk management considèrent encore ce poste comme un tremplin vers des fonctions plus généralistes comme le contrôle de gestion, ces niveaux de rémunération devraient pouvoir les convaincre de poursuivre leur carrière dans ce domaine !

Un rôle croissant de pédagogie

Afin d’améliorer la gestion globale de leurs risques, les entreprises cherchent de plus en plus à la décliner sur le terrain, et donc à sensibiliser directement l’ensemble de leurs équipes opérationnelles à ces problématiques. Une responsabilité qui incombe désormais aux responsables de gestion des risques. Ainsi, les entreprises accordent désormais plus d’importance à la capacité des professionnels à faire partager la politique globale de risk management à un public non expert. «La formation des salariés des entreprises à l’identification des risques, par exemple en ce qui concerne les problématiques de fraudes, est une des responsabilités principales de ce type de poste», explique Bruno Fadda.

Toutefois, ces profils sont relativement difficiles à trouver. «En effet, ces professionnels sont des techniciens qui ne sont pas habitués à expliquer de façon simple les problématiques sur lesquelles ils travaillent auprès de non-experts», explique Johann Van Nieuwenhuyse. Ce qui peut compliquer davantage le processus de recrutement pour ces postes.

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