Développement durable

La formation, pilier de la démarche RSE des banques

Publié le 8 juin 2018 à 11h39    Mis à jour le 8 juin 2018 à 17h07

Thomas Feat

L’adoption d’une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est devenue un axe de développement stratégique majeur pour les banques françaises. Afin d’optimiser la diffusion du sujet à toutes leurs entités, les établissements recourent à des programmes de formation diversifiés et d’ampleur.

Ces dernières années, les groupes bancaires français ont fait de l’adoption d’une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) un axe à part entière de leur développement stratégique. Cela tant vis-à-vis de leurs ressources humaines, en interne, que du financement de l’économie durable, en externe (voir encadré). «Six ans après la création, au niveau du siège, de notre comité central du développement durable (CDD), la RSE irrigue toutes nos lignes métier, qu’il s’agisse de nos banques de proximité, de notre activité de financement et d’investissement, ou de nos pôles de gestion d’épargne et d’assurance», indique Laurence Pessez, directrice de la RSE de BNP Paribas.

Dans cet établissement comme dans d’autres, une telle diffusion du sujet n’a pu s’accomplir qu’au moyen d’initiatives formelles de sensibilisation ou de formation de leurs collaborateurs et parties prenantes, des actions orchestrées le plus souvent par les directions de la RSE, mais aussi par des départements tels que la direction des ressources humaines, des risques, de la conformité ou des affaires publiques. Les thématiques abordées, qui concernent à la fois les politiques managériales des groupes et leur implication dans le financement de l’économie, s’y étendent de la santé au travail aux enjeux de la transition énergétique, en passant par la diversité, la prévention des conflits d’intérêt ou encore la conformité.

Des objectifs quantitatifs

Toutes les strates hiérarchiques des organisations sont par ailleurs concernées. A titre d’exemple, chez Crédit Agricole SA, les administrateurs bénéficient chaque année depuis 2015 de modules de sensibilisation à des problématiques de transparence, de responsabilité, d’efficacité et de disponibilité de la gouvernance. Pour leur part, les 16 membres du comité exécutif ont assisté l’an dernier, sur une journée, à une présentation du contenu de la nouvelle charte éthique du groupe, assortie d’interventions portant sur la prévention des risques liés à ses engagements clients, actionnaires, sociétaires et fournisseurs.

«La prise en compte des enjeux RSE au plus haut niveau de décision favorise, par effet de ruissellement, leur propagation à toutes les entités de la société», témoigne Eric Campos, directeur de la RSE du groupe. Chez HSBC France, le programme «Sustainability Training» réunit par exemple régulièrement, durant deux jours, une vingtaine de cadres autour des enjeux de la transition énergétique. «Ces personnes sont issues de multiples directions, du marché des entreprises à la communication, en passant par les risques ou la stratégie», détaille Marine de Bazelaire, directrice de la RSE. Au sein de la filiale française de la banque britannique, les chargés de clientèle sont également formés à l’appréciation du risque environnemental sectoriel par des professionnels issus des industries concernées.Du côté de BNP Paribas, on s’est fixé comme objectif de dispenser, chaque année, une formation e-learning sur des problématiques d’éthique ou de responsabilité sociétale à au moins 80 % des effectifs du groupe dans 75 pays. «Un objectif inscrit dans notre plan stratégique à horizon 2020», précise Laurence Pessez.

Plus que de simples déclarations d’intention, ces initiatives figurent bien souvent dans la liste des indicateurs de performance de la RSE mise en avant par les banques dans leur rapport avec leurs différentes parties prenantes. Chez BNP Paribas, elles sont même partie intégrante des incentives déterminant la rémunération variable différée des 6 300 top managers du groupe, au même titre que l’atteinte des objectifs de financement des énergies renouvelables (voir encadré), la mobilité interentités et intermétiers ou le soutien à des projets d’entrepreneuriat social. Une motivation opportune puisque, selon le groupe, les objectifs quantitatifs de formation ont systématiquement été atteints ces trois dernières années.

Des experts consultants

Au quotidien, ces dispositifs formels et ponctuels de sensibilisation sont complétés par les interventions des experts RSE auprès des équipes des différentes branches métiers, dont ils sont issus, d’ailleurs, la plupart du temps. «Nous disposons en tout de 160 correspondants RSE répartis dans chacune des caisses régionales de Crédit Agricole SA et dans toutes nos filiales françaises et étrangères, chargés d’assister les opérationnels de nos différentes activités dans la prise en compte des problématiques environnementales et sociales», résume Eric Campos. Par exemple, dans la plupart des établissements, cette contribution peut se matérialiser par un appui à la détermination du risque environnemental de la contrepartie lors d’une demande de crédit.«Les référents RSE ont alors un rôle pédagogique essentiel, particulièrement dans les entités les moins familiarisées avec ce type de problématiques», précise Marine de Bazelaire.

Afin de garantir un niveau d’expertise optimal, ces équipes RSE elles-mêmes sont invitées à suivre des programmes de sensibilisation et de formation. «De la mise en place des “Principes de l’Equateur” en 2003 à la création des “Green Bonds Principles” en 2017, en passant par les lois Grenelle 2 et Sapin 2, l’environnement réglementaire international et national n’a cessé ces dernières années et ne cesse encore de s’enrichir et de se complexifier, ce qui implique une mise à jour régulière des connaissances de nos experts», souligne le responsable de la RSE de Crédit Agricole SA. Pour ce faire, au sein de la banque coopérative, des séminaires présentiels réunissant les équipes RSE sont organisés chaque année autour des trois thématiques cardinales de sa stratégie RSE (l’éthique, l’environnement et la finance inclusive). Plus largement, ces experts peuvent bénéficier des partenariats noués entre les groupes et les établissements d’enseignement supérieur pour enrichir leurs profils. Entre 2015 et 2017, 16 membres du comité de développement durable de BNP Paribas ont ainsi pu suivre un MBA management de la RSE et gestion des risques environnementaux au sein du pôle Léonard de Vinci.

Des objectifs de financement du développement durable

La plupart des banques françaises ont présenté des engagements chiffrés en matière de financement de la transition énergétique ou de l’économie durable. En 2015, BNP Paribas a convenu de doubler son soutien financier aux énergies renouvelables d’ici à 2020 pour le porter à 15 milliards d’euros. Crédit Agricole et Société Générale, pour leur part, se sont engagés à atteindre 100 milliards d’euros de financement durable à même échéance, la «banque verte» visant plus spécifiquement le financement d’un projet durable sur trois en France d’ici deux ans.

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