Directions financières

L’année 2017, une belle embellie pour les recrutements!

Publié le 19 janvier 2018 à 17h18    Mis à jour le 26 janvier 2018 à 17h57

Anaïs Trebaul

Après plusieurs années difficiles pour les recrutements des directions financières, les embauches sont clairement reparties en 2017 et devraient progresser encore. Mais face aux besoins grandissant des entreprises, le manque de certains profils particulièrement recherchés se fait ressentir.

Année record pour les recrutements au sein des directions financières en 2017 ! Si les chiffres ne sont pas encore définitifs, les spécialistes s’accordent à dire qu’il s’agira bien d’une croissance à deux chiffres : «En 2017, nous avons recruté un quart de financiers supplémentaires par rapport à 2016», se félicite Marc Rougé, Senior Executive Manager chez Michael Page.

Cette évolution s’explique surtout par une reprise des embauches, après plusieurs années de gel. «Depuis la crise, les directions financières reportaient leurs recrutements, car elles n’avaient pas le budget nécessaire, rappelle Alexandra Proniewski, manager chez Fed Finance Executive.Désormais, le contexte économique est meilleur et les entreprises ont une meilleure visibilité sur l’avenir.» Cette reprise se confirme dans la nature des recrutements. «La part de CDI dans le nombre total d’embauches a été plus importante l’année dernière (62 %) par rapport à 2016 (53 %), remarque Alexandra Proniewski. Par ailleurs, les entreprises ne se cantonnent plus à remplacer les postes, elles en créent également de plus en plus. En 2017, les créations de postes ont atteint pratiquement les mêmes niveaux que les remplacements.»

Un dynamisme disparate

Toutefois, ce dynamisme ne profite pas de la même façon à tous les membres de la fonction finance. D’une part, la progression des recrutements sur les postes à encadrement a été moins importante que celle sur les autres métiers. «Nous avons observé une augmentation de 24 % des recrutements sur l’ensemble des postes au sein des directions financières et de 7 % sur les métiers en top management», souligne Alexandra Proniewski. Ce constat s’explique avant tout par le contexte politique. «Il y a eu peu de recrutement de postes à hautes responsabilités durant la période électorale, poursuit Alexandra Proniewski. Les embauches ont été reportées dans l’attente de connaître les projets du nouveau gouvernement.» D’autre part, certaines professions ont connu une hausse des recrutements beaucoup plus importante que d’autres métiers.«Les responsables comptables et les contrôleurs de gestion ont été les deux postes les plus demandés cette année, relève Marc Rougé. En effet, d’une part, ces deux professions sont toujours les plus représentées au sein des directions financières, ce qui explique que les recrutements soient plus nombreux sur ces métiers. D’autre part, du fait de la crise, les embauches ont été fortement restreintes sur ces postes, ce qui laisse supposer qu’une majorité d’entre elles a été reportée à 2017.»

Des profils rares

En outre, cette bonne dynamique globale n’empêche pas les entreprises d’être confrontées à des problèmes de recrutement. Si, sur les postes de contrôleurs de gestion, les postulants ont été très nombreux, les directions financières ont pu avoir des difficultés à trouver des candidats sur le métier de responsable comptable. «En école de commerce, les étudiants sont plus encouragés à poursuivre en contrôle de gestion qu’en comptabilité, remarque Marc Rougé. En conséquence, on observe aujourd’hui un afflux de candidats en contrôle de gestion et une vraie difficulté de la part des entreprises à recruter des responsables comptables.»Cette pénurie de candidats n’est pas propre à la comptabilité. Bien que le nombre de recrutements de consolideurs demeure peu élevé, cela n’empêche pas les directions d’avoir des difficultés à trouver des candidats sur cette profession.«Les entreprises ont depuis quelque temps des besoins supplémentaires en consolidation, notamment au sein des groupes internationaux, qui doivent répondre à de nouvelles exigences comptables, notamment en matière d’évolutions des IFRS, précise Alexandra Proniewski. Cependant, il y a peu de bons candidats techniquement pointus à avoir de l’expérience sur ce sujet et ceux en poste sont rarement à la recherche d’un autre poste. De ce fait, ces profils sont difficiles à trouver.»

Au-delà des aptitudes propres à chaque métier, les entreprises ont aussi souvent du mal à trouver des compétences plus générales. Ainsi, l’anglais, requis depuis plusieurs années par les entreprises, est dorénavant totalement obligatoire pour certains postes, alors que tous les candidats ne le parlent pas couramment.«Au sein des directions, la langue anglaise est quasi systématiquement demandée et sa non-maîtrise par un candidat peut souvent être rédhibitoire, prévient Alexandra Proniewski. Sur les postes qui requièrent moins de responsabilités, sa maîtrise peut encore être optionnelle. Cependant, cela dépend du métier : par exemple, cette langue est souvent nécessaire en contrôle de gestion ou contrôle financier, alors qu’elle va être moins demandée sur des postes en comptabilité.» L’anglais est même une des principales difficultés lors du recrutement des comptables. «Ces derniers sont très peu nombreux à maîtriser l’anglais, car ils n’ont pas forcément eu l’occasion de partir étudier à l’étranger, la durée de leur cursus étant généralement plus courte, ajoute Alexandra Proniewski. Pourtant, cette compétence est davantage demandée dans les structures internationales.»

Par ailleurs, une connaissance des outils informatiques devient également primordiale.«Il est désormais de plus en plus demandé aux professionnels travaillant au sein des directions financières de maîtriser plusieurs logiciels informatiques, et même d’avoir une expérience sur l’implémentation d’ERP, surtout pour les métiers de la consolidation et du contrôle de gestion, indique Alexandra Proniewski. Pour le top management, cette compétence de pilotage de projet est demandée dans les trois quarts des cas.» Elle est tellement jugée primordiale que des postes dédiés ont été créés. «Depuis deux à trois ans, les directions créent de plus en plus souvent des postes de chef de projet qui mêlent aspects financiers et informatiques, observe Marc Rougé. Ce sont en quelque sorte des administrateurs système qui doivent par exemple mettre en place un nouvel outil de reporting, un logiciel comptable, ou qui doivent revoir la gestion des données financières et des risques.»

Des marges de négociations salariales

En parallèle, ces difficultés de recrutement amènent aussi les entreprises à revoir les salaires de ces profils rares à la hausse. Déjà, les rémunérations ont globalement été plus élevées l’an dernier. «Au global, nous avons constaté des revalorisations salariales de + 5 % sur l’année 2017 sur l’ensemble des métiers financiers», illustre Pierre Moulin, Manager Finance & Comptabilité chez Hays. Mais les profils particulièrement recherchés par les directions ont pu négocier des rémunérations encore plus avantageuses. «Les salaires ont surtout progressé sur les métiers en pénurie de candidats avec une forte dimension technique, comme les consolideurs, les comptables…, explique Marc Rougé. Par exemple, à même niveau d’expérience, un contrôleur de gestion industriel (particulièrement recherché par les entreprises) peut obtenir près de 25 % de salaire en plus qu’un contrôleur de gestion commercial, que les entreprises ont moins de mal à trouver.»

Cette pression à la hausse sur les salaires devrait se poursuivre en 2018. En effet, le nombre d’offres d’emploi devrait progresser encore plus cette année. «Nous pensons que les recrutements vont s’accélérer davantage sur 2018, notamment sur les postes du top management où les embauches étaient encore limitées en 2017», prévient Alexandra Proniewski. Les entreprises vont d’autant plus se trouver en concurrence que certaines sociétés semblent plus attirantes que d’autres aux yeux des candidats. «Pour un poste de directeur financier dans une société en croissance tournée vers l’international, nous venons de recevoir une centaine de candidatures en cinq jours», affirme Pierre Moulin. De quoi laisser présager de belles perspectives pour les embauches en 2018.

Des recrutements de plus en plus rapides

La reprise du marché en 2017, a conduit les entreprises à accélérer leur processus de recrutement. «Elles ont pris conscience que les profils qu’elles comptent embaucher sont également sollicités par plusieurs autres sociétés, explique Pierre Moulin, Manager Finance & Comptabilité chez Hays. En conséquence, les étapes de recrutements sont plus rapides, et les directions se positionnent plus facilement lorsqu’un candidat les intéresse. Actuellement, un recrutement prend un mois en moyenne.»

Toutefois, ce timing va aussi dépendre du poste recherché. «Un contrôleur de gestion peut être embauché en deux semaines alors que le recrutement d’un directeur financier, poste plus complexe, peut prendre deux mois en moyenne», estime Pierre Moulin.

Quelques différences entre l’Ile-de-France et les autres régions

L’évolution du nombre de recrutement en province est similaire à celle constatée en région parisienne. En revanche, les profils recherchés ne sont pas exactement les mêmes. «Les métiers d’“experts”, à savoir les fiscalistes, les consolideurs, les cash managers sont surtout basés en Ile-de-France, en conséquence, les entreprises régionales recrutent peu ce type de profils, relève Pierre Moulin, Manager Finance & Comptabilité chez Hays. Elles cherchent surtout des profils pluridisciplinaires, qui sont capables de répondre aux enjeux d’entreprises de taille moyenne.»

De plus, les salaires proposés y sont toujours nettement inférieurs à ceux proposés à Paris. «Bien que les entreprises présentes en région proposent de plus en plus des salaires conséquents pour attirer les candidats, les écarts de rémunérations persistent, poursuit Pierre Moulin. En 2017, nous avons constaté un écart de 12 % des salaires sur les profils financiers opérationnels, et de 15 % sur les fonctions d’encadrement» (voir tableau).

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