Recrutement

Le MBA, un diplôme qui commence à percer dans les entreprises

Publié le 15 mai 2015 à 15h54    Mis à jour le 15 mai 2015 à 18h14

Ryadh Benlahrech

En dépit d’un fort développement en France, illustré par une multitude d’offres et de programmes proposés principalement par les écoles de commerce, les MBA ne se sont pas encore démocratisés dans le processus de recrutement des fonctions financières des entreprises. Mais la situation commence toutefois à évoluer.

Le nombre de MBA (Master of Business Administration) connaît une croissance importante en France depuis quelques années. En 2014, 277 formations estampillées MBA ont été recensées, contre 194 en 2008, soit une augmentation de 43 %, selon une étude réalisée par Xerfi-Precepta.

Ce succès reste toutefois paradoxal, car le MBA ne s'est pas encore imposé dans les entreprises. En effet, alors que ce diplôme est considéré aux Etats-Unis et au Royaume-Uni comme la voie royale, voire un sésame indispensable pour intégrer des grands groupes, accéder à des postes à responsabilité ou accélérer l'évolution professionnelle, la situation est bien plus contrastée en France, particulièrement en ce qui concerne les postes en finance d'entreprise. "Le MBA étant un diplôme anglo-saxon, il n'a pas la même valeur en France pour les postes de cadres financiers confirmés, comme les contrôleurs de gestion ou les chefs comptables, remarque Guilhem Jeannin, executive manager au sein du cabinet de conseil en recrutement de cadres Michael Page. Ce diplôme n'est pas encore réellement entré dans les mœurs." Une situation qui commence toutefois à évoluer. Certaines catégories d'entreprises sont en effet plus sensibles à ce type de diplômes dans le cadre de leurs recrutements.

Le MBA prisé par les entreprises orientées à l'international

Les grandes entreprises françaises, notamment celles cotées au SBF 120, ainsi que des multinationales anglo-saxonnes s'intéressent davantage aux profils diplômés d'un MBA, en raison du caractère international de leurs activités."Les MBA sont très appréciés par ces groupes car ils appréhendent l'entreprise de manière globale, par rapport à la technique purement financière", rappelle Laetitia Quatrevaux, manager régional en Ile-de-France de la division finance du cabinet de recrutement spécialisé Hays. Les cours dispensés en anglais sont surtout un gage de bilinguisme particulièrement recherché par les directions financières, qui peinent parfois à trouver des collaborateurs parlant anglais. Toutefois, ces recruteurs se montrent très exigeants et se focalisent sur des cursus dispensés par des grandes écoles de commerce, dites de "rang un", telles que l'Edhec Business School, HEC, l'Essec, l'ESG, l'EM Lyon, ou des grandes universités comme Dauphine, La Sorbonne ou Assas. "Les entreprises ont une vraie confiance envers ces écoles. Elles sont rassurées par la qualité de la formation prodiguée", observe Laetitia Quatrevaux.

De plus, les MBA disposant des labels internationaux reconnus - l'Association of MBA (AMBA) britannique, le label European Quality Improvement System (Equis) délivré par l'European Foundation for Management de Bruxelles et l'organisme américain The Association To Advance Collegiate - sont les plus cotés auprès des entreprises, en raison de leur plus grande notoriété.

Outre les grandes entreprises, une nouvelle tendance émerge chez les PME et ETI françaises. Le développement d'un nombre croissant d'entre elles à l'étranger commence à les conduire à s'intéresser également à des candidats ayant suivi un MBA. "Les entreprises exportatrices recherchent les mêmes profils, quelle que soit leur taille. Elles ciblent des financiers qui saisissent les enjeux opérationnels. Dans ce cadre, un MBA peut faire la différence", confirme Jacques-Louis Soubirous, fondateur du cabinet de chasseurs de têtes parisien Fitch Bennett Partners.

Enfin, ce diplôme peut aussi représenter un avantage pour des candidats aux cursus moins reconnus dans la profession, comme ceux issus d'écoles de commerce n'appartenant pas au "rang un" ou titulaires d'un master d'une université peu renommée pour ses parcours financiers. "Pour ces personnes, un MBA peut être un accélérateur de carrière et apporter une sorte de légitimité", estime Guilhem Jeannin. Un facteur à ne pas négliger, alors que les offres d'emploi au sein des directions financières commencent à repartir depuis quelques mois.

Des MBA à choix multiples

Alors que le MBA n'est pas encore un diplôme reconnu par l'Etat en France et que son coût peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d'euros (voir ci-contre), les candidats doivent être vigilants, car toutes les formations ne répondent pas aux mêmes logiques.

- Les MBA généralistes apportent une vision globale des affaires. Ils préparent essentiellement aux postes de direction générale ou à des postes plus élevés au sein de la même branche : cela peut par exemple permettre à un cadre financier d'accéder à la fonction de directeur financier.

- Les MBA spécialisés offrent une possibilité de se reconvertir dans un autre métier ou d'accroître ses compétences dans son domaine de formation initiale.

- Les MBA à temps plein sont plus adaptés à des personnes de moins de trente ans ayant une première expérience professionnelle ou à des jeunes diplômés. Toutefois, il est nécessaire que le candidat ait la possibilité d'étudier un an sans percevoir de rémunération.

- Les executive MBA s'effectuent à temps partiel sur une période allant de dix-huit à vingt-quatre mois. Cette formule s'adresse à des cadres confirmés ayant une dizaine d'années d'expérience, afin qu'ils puissent continuer d'exercer leur activité professionnelle. En revanche, il faut prévoir un rythme très soutenu pour concilier vie privée, vie professionnelle et le cursus MBA.

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