Recrutement

Les candidats en position de force dans les directions financières

Publié le 8 septembre 2017 à 14h51    Mis à jour le 8 septembre 2017 à 18h10

Arnaud Lefebvre

Sous l’effet de la reprise économique, de nombreuses entreprises françaises intensifient actuellement les embauches au sein de leurs équipes financières. De bon augure pour les candidats qui peuvent tirer profit de cette tendance pour obtenir plus facilement un contrat à durée indéterminée, ainsi que de meilleures conditions salariales.

Bonne nouvelle pour les collaborateurs à la recherche d’un emploi au sein d’une direction financière corporate. Depuis plusieurs mois, le rythme des embauches s’est en effet sensiblement accéléré. «Nous assistons depuis le début de l’année à une véritable recrudescence des recrutements dans les équipes financières des entreprises non financières, confirme Marc Rougé, manager exécutif senior finance et comptabilité chez Michael Page. Dans ce contexte, notre cabinet est actuellement très sollicité, comme l’illustre le nombre de mandats décrochés auprès de nos clients, qui a augmenté de près de 20 % par rapport à la même période en 2016.» Corroborée par plusieurs directeurs financiers, cette tendance concerne l’ensemble des métiers et des sociétés, de la PME au grand groupe, en passant par l’ETI. La conjoncture est d’autant plus favorable aux candidats qu’un nombre croissant de postes à pourvoir le sont en contrat à durée indéterminée. Selon le dernier baromètre publié par Fed Finance, les recrutements en CDI représentaient ainsi, à fin juin, près de la moitié des embauches effectuées par le cabinet pour le compte de ses clients (49 %). Fin 2016, cette part n’atteignait «que» 42 %, et 38 % deux ans plus tôt.

Une meilleure visibilité

Ce rebond est soutenu par plusieurs facteurs dont l’un des plus importants est d’ordre structurel. «Pour certaines professions, en particulier les comptables, les entreprises font actuellement face à une vague de départs à la retraite, ce qui implique de remplacer les personnes concernées, qui étaient déjà en CDI», poursuit Marc Rougé. De tels renouvellements n’expliquent toutefois pas tout : d’après Fed Finance, environ 40 % des embauches en CDI recensées durant le deuxième trimestre émanaient de créations de poste. «Alors qu’un grand nombre d’entreprises voient leurs carnets de commandes se remplir, elles bénéficient, sous l’effet de la reprise économique en cours, d’une meilleure visibilité quant à leurs perspectives commerciales, signale Mathieu Blaie, directeur régional chez Fed Finance. Pour accompagner de manière optimale le développement du groupe, les directions financières, qui avaient dû se serrer la ceinture durant plusieurs années en ne recrutant pas, doivent voir leurs effectifs renforcés.»

Afin de répondre à cet impératif, le recours au CDI est privilégié par les recruteurs. «Pour ces derniers, il peut être rassurant d’attirer une personne déjà en poste plutôt qu’une personne à la recherche d’un emploi», pointe Marc Rougé. Or pour inciter le collaborateur en question à quitter sa société, il est nécessaire de lui proposer un nouveau CDI. Mais même lorsque le candidat est libre, il arrive que l’entreprise ne dispose pas d’une réelle latitude dans le choix du contrat proposé. Et pour cause : dans le cadre du processus de recrutement, le rapport de force tend à pencher en leur défaveur. «Pour de nombreuses fonctions, en particulier celles liées à la paie, il existe en ce moment une pénurie de candidats, observe Gaëlle Marre, directeur chez Robert Half. Les groupes doivent donc savoir se montrer flexibles et attractifs pour parvenir à leurs fins.» Parmi les autres métiers pour lesquels l’offre est actuellement insuffisante figurent notamment les consolideurs, les trésoriers et les contrôleurs de gestion industriels.

Des candidats plus exigeants

Outre la faculté de bénéficier plus facilement d’un CDI, les collaborateurs peuvent également profiter de cette configuration de marché pour chercher à obtenir des modalités d’embauche améliorées. «Par exemple, les candidats n’hésitent pas à réclamer des rémunérations plus élevées que celles proposées, informe Mathieu Blaie. Ainsi, pour des postes équivalents, les salaires offerts in fine s’inscrivent en légère augmentation par rapport à l’an passé.» Une hausse qui peut aller jusqu’à 5 %. Mais le revenu ne constitue pas le seul paramètre sur lequel les candidats veulent influer. «A la recherche d’un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, nous assistons à rééquilibrage du rapport de force entreprise/salariés, témoigne Marc Rougé. Ces derniers n’ont pas peur de se montrer exigeants, car ils savent qu’ils ne devraient pas éprouver de difficultés à trouver un poste rapidement.» Selon les professionnels, la tendance ne devrait pas s’inverser avant 2019.

Le processus de digitalisation de la fonction finance nécessite de nouveaux profils

Outre la reprise économique et la volonté de certains groupes de renforcer leurs équipes financières pour accompagner leur croissance, la vague actuelle d’embauches au sein des directions financières est également liée au mouvement de digitalisation qui touche progressivement la fonction finance. «Afin de piloter des chantiers d’amélioration comme la dématérialisation de nos notes de frais ou la remontée des indicateurs financiers en temps réel pour utilisation par des directeurs de business units, nous cherchons à embaucher des collaborateurs intéressés par la conduite de projets et capables de manipuler les nouveaux outils», témoigne Sylvie Gladieux, directrice administrative et financière de la société industrielle Supratec.

Dans ce contexte, certains responsables financiers en viennent à faire évoluer leurs critères de sélection. «Outre les compétences purement financières, les soft skills et les compétences comportementales, comme la capacité à travailler sur un mode collaboratif, non hiérarchique et en projet, comptent significativement dans le choix d’un profil», insiste Frédéric Puistienne, directeur administratif et financier du groupe Adisseo.

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