Directions financières

Les postes les plus recherchés

Publié le 3 octobre 2016 à 17h35    Mis à jour le 7 octobre 2016 à 16h20

Nathalie Halpern

Cette année, les recrutements sont soutenus dans les directions financières. Parmi les postes les plus sollicités et les mieux rémunérés figurent ceux de responsable administratif et financier et de responsable comptable. D’autres professions plus techniques ont également la cote.

La reprise des recrutements se confirme dans les directions financières. «Les recrutements se déroulent à un rythme soutenu dans les secteurs de la finance d’entreprise et de la comptabilité,affirme Bruno Fadda, directeur finance et comptabilité chez Robert Half.2016 est une très bonne année pour l’emploi sur ce marché, confirmant l’embellie constatée en 2015.» Ce constat est partagé par d’autres cabinets de recrutement. «Les candidats dans ces secteurs sont très sollicités, estime Marc Rougé, manager exécutif chez Michael Page, fonctions finance et comptabilité. Les entreprises ont besoin de recruter, après avoir marqué une pause dans les embauches par le passé. Elles recherchent désormais surtout des experts en comptabilité et en optimisation des coûts.»

Dans ce contexte, certains métiers sont particulièrement sollicités. Robert Half vient de publier son classement annuel sur les jobs en or dans la finance, c’est-à-dire ceux qui sont les plus recherchés et les mieux rémunérés. Parmi eux figure en tête celui de responsable administratif et financier. Une fonction généralement prisée dans les directions financières même si l’an dernier, le métier de contrôleur de gestion opérationnel trônait à cette place dans le classement. «Cette année, le poste de responsable administratif et financier est très recherché par les entreprises, en particulier par les PME-PMI», explique Bruno Fadda.

Cette demande s’explique par le retour des fusions et acquisitions. «Nous assistons à une reprise des opérations d’acquisitions et de LBO qui se soldent par des changements à la direction financière», indique Bruno Fadda. Lorsqu’ils rachètent une entreprise, les fonds d’investissement licencient souvent le directeur financier ou le responsable administratif financier en poste, pour le remplacer par un autre…d’où un appel d’air.

Par ailleurs, certaines PME, en croissance, auraient décidé de recruter un professionnel à ce poste qu’elles sous-traitaient jusqu’à présent auprès d’un cabinet d’expertise comptable.

Concernant le profil recherché, une première expérience d’au moins cinq ans acquise en contrôle de gestion et comptabilité est souvent nécessaire. Les PME ne recherchent pas forcément des candidats très expérimentés, ne pouvant pas toujours se permettre de verser des salaires élevés. La rémunération varie en fonction de la taille de l’entreprise. Ainsi, dans une PME qui réalise moins de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, le salaire fixe brut annuel d’un responsable administratif et financier s’élève entre 50 000 et 80 000 euros, d’après Robert Half, et le salaire variable peut représenter jusqu’à 15 % de ce montant. Dans une plus grosse structure, le salaire fixe brut annuel peut atteindre 120 000 euros, et la part variable jusqu’à 20 % de ce montant.

Des responsables comptables très demandés

Parmi les autres «jobs» en or figure celui de responsable comptable. «Il y a une très forte demande tant de la part des PME, des ETI que des grands groupes, pour des responsables comptables, estime Marc Rougé. Les candidats sont donc en position de force pour négocier. Les responsables comptables sont d’autant plus recherchés en ce moment que nous assistons à un grand nombre de départs à la retraite dans ce secteur, au vu de la pyramide des âges.»

Des candidats ayant dix ans d’expérience, en cabinet d’expertise comptable ou en tant que comptables d’entreprise, sont très prisés, surtout s’ils maîtrisent l’anglais. Ils peuvent espérer un salaire fixe brut annuel d’au moins 50 000 euros, et un variable de 10 % maximum de ce montant.

Autre poste «en or» : le contrôleur de gestion opérationnel. «La demande des entreprises pour cette fonction reste très soutenue», constate Bruno Fadda. Proche du terrain, le contrôleur de gestion doit comprendre en détail l’activité de la société. Il s’agit d’un métier incontournable pour les PME et les grandes entreprises, et d’une voie d’entrée dans la finance pour les jeunes qui peut être abordée dès la sortie d’une école de commerce.

Des métiers peu connus

Il existe aussi des professions moins connues, pour lesquelles les recruteurs ont du mal à trouver des candidats. C’est notamment le cas des consolideurs. Ces professionnels de la finance, qui travaillent pour les grands groupes, doivent analyser et consolider les données des filiales. Leur tâche est d’autant plus complexe qu’ils sont confrontés à la mise en œuvre de nouvelles normes comptables internationales (IFRS 16, IFRS 9, etc.). «Les consolideurs sont d’autant plus sollicités actuellement qu’ils sont peu nombreux, souligne Marc Rougé. Il s’agit de professionnels très expérimentés qui ont acquis leurs compétences sur le terrain, au sein de cabinets de conseil par exemple, car il n’existe pas d’école formant à la consolidation.» Résultat : les rémunérations sont élevées. Le salaire fixe brut atteint en moyenne 60 000 euros par an, avec un variable de 10 % pour des professionnels disposant de plus de six ans d’expérience. Il peut s’élever à 80 000 euros par an, avec un variable de 10 %, pour des personnes ayant 10 à 15 ans d’expérience.

Enfin, avec l’évolution des systèmes d’information, certains profils sont très en vogue. Les professionnels de la finance qui ont ainsi des compétences en informatique sont très demandés. «Les grandes entreprises sont en quête de candidats disposant d’une solide expérience dans la comptabilité pour traduire les expressions financières et comptables en flux informatiques, indique Marc Rougé. Elles recherchent ainsi des chefs de projets capables de mener des projets informatiques sous un angle financier.»Des cadres ayant de cinq à dix ans d’expérience dans la comptabilité sont sollicités. Ces chefs de projets informatiques un peu particuliers sont bien rémunérés, car ils peuvent escompter un salaire d’au moins 60 000 euros par an.

Mais à part ce type de profil spécifique, les recrutements liés à l’essor du numérique n’ont pour l’instant pas encore eu lieu dans les directions financières. «Les professions de la finance commencent tout juste à être affectées par l’évolution des systèmes d’information, estime un observateur. De nouveaux métiers pourraient néanmoins apparaître et d’autres se transformer.» La façon de travailler des cadres de la finance et de la comptabilité commence déjà à changer, mais elle pourrait connaître de plus profonds bouleversements à l’avenir.

Le directeur comptable de transition, un profil très recherché

  • Alors que les entreprises sont en pleine transformation digitale, certaines n’hésitent pas à délocaliser leurs services comptables à l’étranger pour réduire leurs coûts. «Nous assistons au retour des centres de services partagés dans les services comptables de base, constate Karine Doukhan, directeur de Robert Half Management Resources. Les grandes entreprises cherchent à alléger le coût de leurs services comptables, en les délocalisant en Pologne ou en Inde.»
  • Pour ce faire, les unes et les autres font appel à un directeur comptable de transition, un profil très recherché actuellement. «Le directeur comptable de transition va superviser la mise en place du centre de services partagés à l’étranger et former les comptables locaux aux normes françaises», explique Karine Doukhan. Très expérimenté, ce directeur comptable, qui a entre dix et vingt ans de carrière, est embauché en intérim. Son salaire brut annuel peut atteindre selon son profil entre 120 000 et 145 000 euros.
  • Au-delà d’une mission de délocalisation, il peut aussi être recruté pour réaliser d’autres tâches, comme aider une entreprise à mettre en œuvre des normes comptables.

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