Formation en ligne

L’offre de cours gratuits en finance se développe

Publié le 24 octobre 2014 à 15h36    Mis à jour le 29 octobre 2014 à 15h55

Morgane Remy

Profitant d’un accès gratuit aux cours des meilleures écoles de commerce grâce aux «massive open online course» (Mooc), les collaborateurs financiers sont de plus en plus nombreux à recourir à cette pratique. Cette dernière commence également à séduire les grands groupes français.

Suivre un cours de finance par un professeur renommé depuis chez soi ou son bureau : voilà ce qu’ont fait depuis 2013 les quelque 18 000 personnes inscrites au cours en ligne ouvert – «massive open online course» (Mooc) – sur l’analyse financière, animé par Pascal Quiry, professeur à HEC et coauteur du livre de référence «Vernimmen». Les deux sessions annuelles de cette formation, qui durent chacune entre 4 et 6 semaines, ont ainsi réuni des milliers de participants à travers le monde, illustrant l’intérêt de la communauté financière pour ce nouvel outil pédagogique. Déjà largement diffusé aux Etats-Unis, celui-ci en est encore en France à ses débuts. Outre le module d’HEC, quelques écoles, cabinets ou institutions ont récemment lancé leur propre cours en ligne. C’est, par exemple, le cas de l’Ecole centrale de Lille (gestion de projets), d’EM Lyon (entrepreneuriat), de l’Institut Louis Bachelier (régulation financière) ou encore du cabinet d’audit BDO (financement des entreprises).

Un système de formation adapté pour les collaborateurs en poste

De nombreux professionnels voient en effet dans ces outils en ligne un moyen de formation adapté. Par exemple, pour le Mooc «analyse financière», près des deux tiers des personnes inscrites sont en poste. «La majorité d’entre elles provient des milieux des banques et des directions financières de grandes entreprises, témoigne Eric Chardoillet, président de First Finance, la société de formation qui a lancé ce Mooc. Pour les professionnels, il s’agit d’accéder à une formation de qualité pour acquérir de nouvelles compétences ou simplement pour se remémorer les fondamentaux qu’ils avaient appris pendant leurs études.»L’avantage par rapport à un e-learning ou à un livre repose sur l’interaction possible avec le professeur encadrant. «Nous offrons les corrigés des quiz ainsi que des études de cas pratiques, explique Pascal Quiry. Mais, surtout, j’anime le forum afin de répondre aux questions ou simplement de relancer le débat entre les participants qui arrivent, avec un peu d’encadrement, à réfléchir et à trouver la solution entre eux.»

En outre, à l’instar du Mooc d’analyse financière, l’accès est gratuit. Seul le passage du certificat, optionnel, coûte 50 euros – si ce dernier n’est pas diplômant, il atteste l’assiduité du candidat pendant la formation, ce qui rassure les employeurs.

Un moyen de formation massif en entreprise

Si l’usage des Mooc se renforce auprès des financiers souhaitant ainsi stimuler leur carrière, la nouvelle vague d’intérêt de cet outil pédagogique concerne également… les entreprises ! «Par exemple, la Société Générale a inscrit près de cent de ses collaborateurs au Mooc sur l’analyse financière, précise Eric Chardoillet. Et nous travaillons actuellement avec plusieurs banques et entreprises afin d’adapter à leurs besoins des formations au format Mooc déjà produites.» First Finance développe également pour ses clients des Mooc sur mesure, par exemple sur le risk management.

L’Edhec, qui teste pour le moment ses Mooc sur ses propres élèves, envisage également d’ouvrir ses formations afin de les utiliser non seulement comme un vecteur d’image auprès du grand public, mais aussi comme un moyen de se positionner sur la formation continue de professionnels. «Notre expérience de formation en “blended learning”, c’est-à-dire un apprentissage donné de façon classique et complété par un e-learning, nous permet de travailler sur une offre personnalisée comprenant contenu académique et études de cas propres aux entreprises partenaires, explique Anne Zuccarelli, directrice entreprises & carrières du groupe Edhec. Chacun y trouve alors son compte, l’entreprise payant moins cher que pour une solution pédagogique ad hoc et les grandes écoles bénéficiant d’une nouvelle source de revenus.

Des Mooc développés en interne

Certains grands groupes – principalement des cabinets d’audit et des banques – n’ont pas attendu les universités françaises pour se lancer. Ils tentent déjà de développer leur propre cours en ligne, dit «Corporate online open courses» (Cooc), à destination d’une large population de financiers. KPMG s’intéresse d’ores et déjà à ce moyen de former des milliers de collaborateurs travaillant à travers le monde et dans différentes entreprises clientes. «Nous pouvons former de nombreux financiers de manière homogène grâce à un dispositif de Cooc, assure Monique Kwiatowski, directrice adjointe de la formation chez KPMG. Cela permet de valoriser des experts internes et d’avoir un produit plus novateur qu’un e-learning et moins coûteux qu’un “serious game”, qui consiste en un apprentissage sous forme de jeu vidéo.»

BNP Paribas, de son côté, a déjà sorti un Mooc ouvert à tous… sur le nouveau système de paiement européen, le Sepa. «Cela nous permettait d’offrir une formation de quatre semaines sur cette problématique, qui inquiétait les entreprises, explique Cindy Abeillon, chef de produit Sepa de la banque, qui anime elle-même le cours. Sur le forum dédié, je veille notamment à répondre aux questions des utilisateurs, qu’il s’agisse de collaborateurs ou de clients de la banque.» La formation demeure relativement basique mais elle a permis de véhiculer une image d’accessibilité de la banque sur cette problématique.

Que leur motivation soit d’améliorer leur crédibilité auprès du grand public ou de former leurs collaborateurs, les entreprises vont sans doute contribuer à étoffer l’offre de Mooc dans les mois à venir.

Bien choisir son Mooc

Si les Mooc sont flexibles et abordables, ils ne peuvent cependant pas être comparés à une formation traditionnelle et diplômante. Le modèle pédagogique reste à parfaire puisque près de 90 % des inscrits abandonnent les cours avant la fin. Par exemple, pour celui sur l’analyse financière proposé par Pascal Quiry, professeur à HEC, qui est pourtant reconnu dans le milieu financier, 3 800 personnes sont allées au bout de la formation et seulement 900 ont passé la certification. Et cette dernière n’est pas reconnue légalement ! «Il ne s’agit pas d’un diplôme, précise Monique Kwiatowski, directrice adjointe de la formation chez KPMG. Lors d’un recrutement, la reconnaissance d’un tel certificat dépend essentiellement de la sensibilité du responsable des ressources humaines ou du recruteur.»

En parallèle, il convient de choisir un Mooc qui soit exigeant avec les élèves qui le suivent. En effet, le business model de ces formations en ligne étant basé sur le paiement du certificat, certaines offres ne souhaitent pas décourager leurs «clients» en proposant un test final trop difficile. Un financier cherchant à améliorer son CV de manière crédible doit alors choisir une formation sanctionnée par un examen plus sélectif afin que celle-ci soit reconnue dans le cadre d’un recrutement. «Le Mooc que j’ai créé pour HEC sur l’évaluation financière des entreprises est aussi exigeant qu’un cours de master, témoigne Pascal Quiry, professeur à HEC. Sur 20 000 participants, 1 500 ont passé l’examen et seulement 57 % l’ont réussi en produisant un travail digne d’un bon analyste financier !» Réussir ce certificat représente une véritable difficulté et a, par conséquent, une réelle valeur sur le marché du travail.

Les Mooc proposés outre-Atlantique peuvent également être intéressants. Les universités américaines qui les mettent en ligne sont non seulement prestigieuses, mais elles sont également en avance, en termes d’ingénierie pédagogique comme de diversité des sujets abordés en finance. Elles proposent en effet ces cours depuis plus longtemps et, souvent, avec un investissement initial plus conséquent. De plus, suivre ces cours permet de montrer une capacité de s’investir en anglais.

Dix références en finance gratuites et ouvertes à tous :

- Analyse financière de Pascal Quiry, sur la plateforme First Finance

- Evaluation financière de l’entreprise de HEC, sur la plateforme Coursera

- Introduction to Finance, The University of Michigan’s Ross School of Business

- An Introduction To Financial Accounting, The University of Pennsylvania/Wharton

- An Introduction To Corporate Finance, The University of Pennsylvania/Wharton

- Introductory Macro And Microeconomics, MIT/UC Berkeley

- Introduction to Computational Finance and Financial Econometrics, The University of Washington

- Financial Engineering And Risk Management, Columbia

- Economics Of Money And Banking, Columbia

- Financial Markets, Yale

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