Risk manager

Une fonction plus centrale au sein des entreprises

Publié le 6 novembre 2015 à 16h36

Astrid Gruyelle

Désormais davantage rattachés à la direction générale, les risk managers se rapprochent du cœur décisionnel. Un phénomène qui va de pair avec un élargissement de leur champ de compétences.

Métier encore peu connu il y a une vingtaine d’années, la gestion des risques (risk management) est de plus en plus considérée par les directions générales des entreprises. Selon le baromètre Amrae (Association pour le management des risques et des assurances des entreprises) réalisé en partenariat avec PwC, 36 % des risk managers sont rattachés à la direction générale en 2015, contre 18 % en 2013. «Il y a quelques années, les risk managers étaient le plus souvent sous l’autorité de la direction financière ou juridique, note François Malan, vice-président de l’Amrae.Leur supervision par la direction générale est désormais un signe de reconnaissance de la fonction du risk manager.» Cela leur permet d’avoir plus facilement accès à l’information et de participer directement à la stratégie de l’entreprise. «Alors que nous dépendions précédemment de la direction financière, notre département a été rattaché à la direction générale du groupe il y a quelques mois, confirme Christine Gfeller, directeur des risques au sein de la société Arc International, spécialisée dans l’art de la table (847,8 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014). Ce changement a permis d’accélérer la prise de décision.»

Vers plus de polyvalence

Une évolution rendue nécessaire par l’accroissement de la réglementation.

«Depuis 10 ans que je travaille chez Arkema, notre équipe gère de plus en plus de risques, témoigne Michel Blanc, directeur assurances au sein de la société Arkema appartenant au secteur de la chimie de spécialités (7,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2014). Les nouvelles réglementations entraînent notamment une augmentation des risques à identifier et nécessitent de prendre régulièrement de nouvelles décisions stratégiques.» Le rôle des risk managers s’en trouve donc renforcé. Le baromètre Amrae note ainsi une augmentation de la part des chefs de département de risk management qui gèrent aussi bien les assurances et la prévention que la globalité des risques de l’entreprise, tandis que ceux uniquement en charge des assurances et de la prévention sont moins nombreux. «Ce phénomène s’observe depuis plusieurs années déjà car les risk managers doivent être davantage polyvalents», relève François Malan.

Ils le sont d’autant plus qu’ils sont amenés à collaborer davantage avec les autres fonctions de l’entreprise. «Outre les liens étroits qu’ils entretiennent avec les auditeurs et contrôleurs internes, les risks managers travaillent nécessairement avec les opérationnels puisque l’exploitation est la première source de risques, rappelle François Malan. Désormais, les commissaires aux comptes peuvent les consulter.» Pour certains risques spécifiques, le risk manager est amené à travailler avec des interlocuteurs supplémentaires : le département de la trésorerie et de la finance pour les risques de fraude, ainsi que le responsable de la sécurité informatique et la direction du système d’information pour les risques de cyber-attaques.

Succès des formations complémentaires

L’extension des risques à gérer implique de disposer de compétences accrues. «Les profils en charge de la globalité des risques sont le plus souvent diplômés en gestion ou issus d’école de commerce, mais ces professionnels ne sont pas des experts», note François Malan. Le baromètre Amrae constate ainsi une tendance nouvelle, en particulier chez les répondants de moins de 35 ans qui suivent de plus en plus de formations spécialisées en gestion des risques et en assurances. En outre, les formations complémentaires se développent. «Après une évolution du service assurance vers la gestion des risques globale, j’ai suivi plusieurs formations en parallèle de mon travail, portant notamment sur les techniques et les enjeux stratégiques des risques, afin de consolider notre dispositif de gestion de risques et d’améliorer sa pertinence», indique ainsi Christine Gfeller. En effet, les études initiales ne préparent pas toujours à l’ensemble des missions couvertes par la gestion de risques.«Les risk managers en charge des assurances et de la prévention, qui sont pour la plupart issus de formations juridiques, manquent parfois de compétences en matière de communication, relève Bénédicte Huot de Luze, délégué général de l’Amrae. Nous leur proposons des formations comportementales et à l’oral pour mieux se faire entendre dans l’organisation, comme par exemple présenter une cartographie des risques face aux administrateurs.» Deux autres formations complémentaires sont plébiscitées par les risk managers : la gestion de projet et l’analyse financière qui comprend la lecture de bilans. Ce renforcement des compétences devrait se poursuivre à l’avenir puisque la place du risk manager dans l’entreprise pourrait encore progresser.

Les rémunérations restent stables

  • Le baromètre Amrae note que près de la moitié (46,5 %) des risk managers perçoivent une rémunération fixe brute comprise entre 50 000 et 100 000 euros par an, une fourchette très large qui prend en compte leur expérience, ainsi que la taille et le secteur de l’entreprise. La rémunération fixe s’élève à 108 000 euros par an en moyenne pour les chefs de département et à 84 000 euros pour les autres collaborateurs. Des chiffres stables depuis 2011.
  • Le mode de recrutement influe sur le niveau de la rémunération puisque les risk managers ayant trouvé leur emploi par l’entremise d’un cabinet de recrutement ou par leur réseau ont une rémunération moyenne supérieure à ceux ayant par exemple répondu à une offre ou déposé une candidature spontanée. Concernant la rémunération variable, elle représente plus de 15 % du salaire fixe pour 52 % des chefs de département et pour 28 % des collaborateurs.

Les recrutements s’effectuent souvent en interne

  • «Le métier de risk manager reste un métier de niche : les volumes de recrutement sont faibles, observe François Malan, vice-président de l’Amrae. S’agissant d’une fonction nécessitant de l’expérience, les risk managers en place prennent des fonctions supplémentaires et les embauches s’effectuent essentiellement en interne.» En effet, 38 % des risk managers interrogés dans le cadre du baromètre Amrae ont été recrutés par le biais d’une mobilité interne en 2015. Viennent ensuite le réseau et les relations (22 %), puis les cabinets de recrutement (17 %).
  • Les perspectives de progression sont intéressantes : plus d’un quart des risk managers envisage de se diriger vers des postes d’auditeur et de contrôleur internes. «Le métier d’auditeur est une évolution possible pour les risk managers car il s’agit d’une fonction transverse au sein de l’entreprise», note François Malan. Une autre perspective tout autant plébiscitée est celle de contrôleur, les risk managers étant dans 29 % des cas déjà en charge du contrôle interne en parallèle de leur fonction.

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