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VIE : un bon tremplin pour les jeunes financiers

Publié le 3 février 2017 à 12h26    Mis à jour le 3 février 2017 à 17h21

Anaïs Trebaul

Le volontariat international en entreprise (VIE) suscite de plus en plus l’intérêt des jeunes diplômés en finance, attirés par l’opportunité de mêler une expérience professionnelle avec la découverte de l’international. Pour être retenus, les candidats qui s’engagent dans cette voie doivent savoir se démarquer car la concurrence est rude.

Une expérience à l’international est devenue une étape incontournable dans le parcours d’un financier. Conscients de ce phénomène, les jeunes diplômés n’hésitent pas à s’engager dans cette voie dès leur début de carrière grâce au volontariat international en entreprise (VIE). Alors que de plus en plus d’écoles et d’universités proposent déjà à leurs étudiants des semestres à l’étranger, une fois sur le marché du travail, ces derniers peuvent grâce à ce dispositif accroître leur expérience professionnelle à l’international. Les conditions d’accès à un VIE sont en effet relativement simples. «Il faut avoir entre 18 et 28 ans, être en règle vis-à-vis des obligations militaires et de nationalité européenne, indique Michel Bauza, directeur du VIE chez Business France. En outre, le VIE se déroule dans une entreprise française présente à l’étranger, ou dans une structure partenaire agréée, sur une durée de 6 à 24 mois.» En dix-sept ans, ce dispositif encadré par l’agence pour le développement à l’international, Business France, a déjà séduit 63 600 personnes et 6 600 entreprises. Cette année, les VIE constitueront une source d’emploi non négligeable, puisque 10 000 jeunes «volontaires» devraient être embauchés sous ce format fin 2017, soit une hausse de 5 % par rapport à 2016.

Cette tendance se remarque d‘autant plus dans le domaine de la finance (métiers bancaires, gestion d’actifs, contrôle de gestion, comptabilité et audit) qui recense aujourd’hui 1 865 postes occupés, soit 20 % des VIE. Rien que sur le secteur bancaire, 1 238 jeunes sont actuellement sous ce type de contrat. Cette tendance devrait continuer de progresser. «Nous espérons recruter plus de 300 VIE en 2017, contre 216 en 2016, souligne Jean-Dominique Criscuolo, responsable de l’équipe pré-recrutement de BNP Paribas. Nous souhaitons avoir dans nos équipes de plus en plus de profils tournés vers l’international.»

Des pays plus porteurs

Si les VIE offrent donc actuellement des opportunités pour les jeunes diplômés désireux de s’expatrier, ces derniers doivent néanmoins prendre en compte les spécificités de l’outil. Tout d’abord, les postes de VIE dans les fonctions finance ne sont disponibles que dans certains pays. «Le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Luxembourg, la Chine et l’Allemagne sont les cinq pays dans lesquels nous proposons le plus de VIE», illustre Odile Grassart, directrice du recrutement du groupe Société Générale. Néanmoins, de nouveaux pays font peu à peu surface. «Nous proposons de plus en plus de contrats VIE en Amérique latine, en Europe et à Shanghaï», précise Katell Martin, responsable recrutement VIE chez Sanofi. Le Moyen-Orient reste la partie du globe la moins pourvoyeuse de VIE.

Ensuite, les directions financières proposent généralement des VIE pour mener à bien des projets spécifiques. «Nous recherchons surtout des contrôleurs de gestion, des auditeurs ou contrôleurs internes qui interviendront dans de la gestion de projet, explique Katell Martin. Par exemple, actuellement, nous recrutons de jeunes diplômés pour la mise en place de nouveaux reportings, l’harmonisation et la simplification des processus.» Du côté des banques, les métiers proposés sont plus ciblés. «80 % de nos recrutements de VIE concernent la banque d’investissement, notamment pour les métiers en fusion-acquisition ou dédiés aux financements structurés, note Jean-Dominique Criscuolo. Néanmoins, nous remarquons de nouveaux besoins, par exemple pour les métiers de la conformité dans différentes entités de la banque et de l’actuariat chez BNP Paribas Cardif». Le type de métier proposé peut également varier selon le pays. «Au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, nous avons surtout des besoins dans le domaine de la finance de marché alors qu’en Afrique nous proposons surtout des offres de VIE pour notre activité banque de détail ou les métiers de l’audit», précise Odile Grassart.

Des entreprises exigeantes

Si les opportunités sont nombreuses, la quantité de candidats à la recherche d’un VIE ne désemplit pas. En effet, 55 000 jeunes diplômés sont actuellement inscrits sur Civiweb, la plateforme qui centralise l’ensemble des offres de VIE, un chiffre relativement constant. «Pour les destinations les plus prisées, comme les Etats-Unis, l’Australie ou encore Singapour, nous recevons une cinquantaine de candidatures dans les trois jours qui suivent la publication de l’annonce», indique Katell Martin. Les entreprises appliquent donc un processus de sélection strict, pour choisir les meilleurs profils parmi l’ensemble des candidats.

Si les recrutements de VIE prévus par Business France n’exigent pas un niveau de diplôme particulier, les entreprises privilégient néanmoins ceux ayant le grade de Master.«Nos VIE proviennent à 50 % d’écoles de commerce, à 35 % d’universités et à 15 % d’écoles d’ingénieur, détaille Odile Grassart. En outre, nous choisissons à la fois des étudiants qui viennent de terminer leurs études mais aussi des profils qui viennent d’effectuer un stage ou une alternance chez nous». Un bon niveau de langue anglaise est généralement exigé quelle que soit la destination. «Les personnes qui partent en VIE doivent parler couramment l’anglais, insiste Katell Martin. Les entretiens de recrutement se font systématiquement dans cette langue.» En outre, peu de candidats pratiquent une troisième langue, une faculté sur laquelle doivent miser les trilingues. Outre l’espagnol, le chinois et le japonais, la langue allemande est également de plus en plus recherchée. «De moins en moins de jeunes diplômés parlent allemand, nous avons donc plus de mal à trouver des candidats pour nos VIE dans ce pays», déplore Odile Grassart.

S’ils parviennent à obtenir un VIE et après avoir démontré leurs capacités d’adaptation, les jeunes financiers pourront ensuite facilement évoluer. Les VIE constituent un bon tremplin pour décrocher un contrat de travail plus traditionnel au sein de leur entreprise d’accueil. «Environ 55 % des VIE sont embauchées à l’issue de leur contrat, dont l’immense majorité sous contrat local (80 %)», estime Katell Martin. L’objectif des directions est en effet de garder ces éléments, qui une fois leur VIE fini, auront développé des compétences internationales qui s’avéreront bénéfiques pour leur société.

Un salaire parfois moins attractif

  • Les personnes en VIE reçoivent la rémunération établie par Business France chaque trimestre, dont le minimum s’élève à 700 euros par mois. «Elle est fixée par le ministère des Affaires étrangères et du Développement international en prenant en compte plusieurs critères (pays, ville, taux de change, coût de la vie, éloignement du pays, risque pays…), souligne Michel Bauza, directeur du VIE chez Business France. Néanmoins, en dehors de la différence liée au pays de mission, l’indemnité perçue dans le cadre d’un VIE est fixe, quels que soient l’entreprise, la fonction exercée et le diplôme du candidat».  En conséquence, bien que ce montant soit net d’impôts, l’indemnité peut paraître parfois faible par rapport au coût de la vie dans certains pays ou villes. Pour attirer les jeunes diplômés, certaines entreprises misent donc sur d’autres aspects.
  • Certaines entreprises proposent des avantages en nature. «A la périphérie de Londres, l’indemnité du VIE est de 1 700 euros nets par mois, alors que le coût de la vie est élevé. Pour y faire face, nous proposons une aide au logement autour de 900 euros, justifie Katell Martin, responsable recrutement VIE chez Sanofi. En outre, nous pouvons mettre à disposition des véhicules de service dans le cadre de certains VIE, notamment aux Etats-Unis et en Afrique où les transports en commun sont peu présents.»

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