Rémunérations 2016

Des salaires en hausse pour les auditeurs internes

Publié le 30 septembre 2016 à 11h16    Mis à jour le 14 octobre 2016 à 10h15

Guillaume Clément

Les rémunérations des auditeurs internes ont globalement progressé en 2016, selon la 5e édition du baromètre annuel réalisé par la DFCG, l’AFTE, l’IFACI, Michael Page et Option Finance. Du fait de leur expertise très recherchée, près des deux tiers de ces professionnels se sont en outre vu proposer de nouveaux postes, notamment à l’international.

Les auditeurs internes bénéficient de rémunérations de plus en plus attractives. Selon la cinquième édition annuelle du baromètre de rémunération des fonctions finance réalisé par Michael Page, l’Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE), l’Institut français de l’audit et du contrôle internes (IFACI) et Option Finance, 73 % des 132 répondants ont vu leur salaire augmenter cette année… contre 59 % en 2015 ! «Non seulement le nombre de bénéficiaires de ces revalorisations salariales est plus important que l’an dernier, mais le montant moyen de ces dernières est également plus élevé, souligne Mikaël Deiller, practice manager en charge de la division finance et comptabilité chez Michael Page. Cette hausse s’établit en effet à 4,2 %, contre 3,4 % douze mois auparavant.»Dans le détail, 37 % des collaborateurs concernés ont vu leur rémunération progresser de 1 % à 3 %, 15 % de 3 % à 5 % et 8 % de plus de 10 % (voir graphique).

Le salaire moyen des auditeurs internes interrogés a ainsi progressé, passant en un an de 66 000 à 68 000 euros. Cette évolution doit toutefois être relativisée.

«Il est certes indéniable que la tendance dominante en matière de salaires est haussière concernant ces fonctions, explique Philippe Mocquard, délégué général de l’IFACI. Mais l’ampleur de l’écart constaté entre les moyennes de 2015 et de 2016 s’explique surtout par la présence d’un plus grand nombre de profils seniors parmi les sondés, dont les salaires élevés entraînent un rehaussement mécanique de cet indicateur.»

Des professionnels expérimentés

Plusieurs facteurs expliquent que les auditeurs internes disposent de rémunérations si attractives. D’abord, l’exercice de leur métier requiert d’avoir acquis au préalable une expérience professionnelle significative. «Lorsqu’ils deviennent auditeurs internes, ces collaborateurs ont généralement déjà exercé entre trois et cinq ans auprès d’entreprises, le plus souvent en tant qu’auditeurs externes pour le compte de grands cabinets d’audit, notamment parmi les Big Four, souligne Mikaël Deiller. La majorité d’entre eux sont en outre diplômés de prestigieuses écoles de commerce, ce qui est de nature à renforcer leurs prétentions salariales.»

Ensuite, cette profession est caractérisée par des contraintes que les sociétés sont prêtes à compenser financièrement.«Les auditeurs internes sont régulièrement amenés à effectuer des missions en dehors de leur lieu de résidence, en France ou à l’étranger, et ce durant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, poursuit Mikaël Deiller. Il est donc souvent délicat pour eux de concilier vie professionnelle et vie personnelle.»

Outre un salaire compétitif, les entreprises sont également promptes à verser une rémunération variable pour motiver les auditeurs internes. Parmi les sondés, 68 % reçoivent ce type de gratifications. Ces dernières peuvent représenter moins de 5 % des émoluments de ces collaborateurs (pour 15 % des répondants), entre 5 % et 10 % (26 %), entre 10 % et 20 % (18 %), voire plus de 20 % (9 %). En moyenne, la part de variable atteint 8,2 % de la rémunération totale des auditeurs internes interrogés.

Par ailleurs, 48 % des auditeurs internes bénéficient d’intéressement et 43 % de participation, tandis qu’une minorité d’entre eux disposent d’autres avantages comme des plans de retraite additionnelle (20 % des sondés) ou des véhicules de fonction (18 %). «Ces derniers sont généralement mis à disposition des collaborateurs qui se déplacent d’un site à un autre en France, précise Mikaël Deiller. Ils semblent d’ailleurs être de moins en moins réservés aux profils les plus seniors, puisque 10 % de leurs bénéficiaires ont moins de 35 ans, alors que ce n’était le cas que pour 5 % d’entre eux l’an dernier.»

Des priorités non financières

Dans ce contexte, il n’est guère étonnant que l’obtention d’une augmentation ne fasse pas partie des priorités des auditeurs internes. Cette année, ils n’ont été que 3 % (contre 4 % en 2015) à citer cet élément parmi les aspects de leur métier qu’ils souhaiteraient voir améliorer. Cette préoccupation se situe loin derrière la charge de travail (15 % des répondants), les relations avec la hiérarchie (26 %), l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle (34 %), et la formation (39 %). C’est toutefois principalement la reconnaissance de leur travail que les auditeurs internes placent en tête de leurs préoccupations.«Cela reste la priorité pour 48 % des répondants, et ce pour plusieurs raisons, indique Mikaël Deiller. D’abord, les auditeurs internes passent une grande partie de leur temps à se rendre de manière temporaire sur des sites variés (filiales, usines, etc.) auprès d’équipes au sein desquelles ils n’ont pas vocation à s’intégrer et qui peuvent les percevoir comme des “envoyés de la direction générale” chargés de trouver des erreurs dans leur travail. Ensuite, certains auditeurs sont frustrés de ne pas être en mesure de constater si leurs recommandations, par exemple en termes d’optimisation de processus, sont bien appliquées après la fin de leur mission.»

Pour autant, les trois quarts (73 %) des auditeurs internes se disent satisfaits de leur poste actuel, et 34 % envisagent de poursuivre leur carrière dans le même domaine, visant les fonctions de responsable ou de directeur de l’audit. Près d’un auditeur sur quatre (23 %) ambitionne de devenir responsable ou directeur administratif et financier, tandis que 13 % des professionnels interrogés voudraient évoluer vers un poste de directeur de division («business unit»). «Grâce à leurs fortes compétences financières et à leur connaissance précise des activités et du fonctionnement de l’entreprise, les auditeurs internes représentent d’excellents candidats pour exercer des responsabilités transversales ou opérationnelles, estime Mikaël Deiller. L’attrait d’une partie d’entre eux pour des postes directement liés aux activités commerciales s’explique le plus souvent par leur volonté de mener des projets ayant un impact concret et visible sur les réalisations du groupe.»

Des profils très sollicités

Ces perspectives peuvent correspondre aux nombreuses opportunités qui leur sont offertes. En effet, les auditeurs internes bénéficient cette année encore d’un contexte favorable. Au cours des 12 derniers mois, 61 % d’entre eux ont été approchés par des recruteurs. Une tendance relativement stable puisque, parmi les collaborateurs concernés, 37 % ont reçu davantage de sollicitations qu’un an plus tôt, 38 % un nombre équivalent, tandis que 25 % se sont vu présenter moins d’offres d’emploi. «Nous observons également que 44 % des auditeurs approchés l’ont été dans le cadre de postes à pourvoir à l’étranger, constate Philippe Mocquard. Cette situation est doublement positive car non seulement elle démontre que les profils français intéressent à international, mais elle répond aussi à la demande croissante des auditeurs internes pour des expériences hors de France (voir encadré).»

Autre élément de satisfaction, les auditeurs internes reçoivent globalement de plus en plus de propositions d’embauche : 17 % ont été sollicités pour un seul poste (– 6 points par rapport à 2015), 64 % ont eu entre deux et quatre offres, et 19 % se sont vu présenter au moins cinq opportunités (+ 7 points). Un dynamisme qui devrait se poursuivre, selon les professionnels.

Des candidats prêts à s’expatrier

  • En plus d’être régulièrement amenés à se déplacer dans le cadre de leurs fonctions (visites de filiales, inspections de sites de production, etc.), 87 % des auditeurs internes se disent prêts à déménager pour saisir une opportunité professionnelle.
  • Toutefois, leurs destinations de prédilection évoluent : 47 % envisagent en effet de changer de lieu de résidence en France, contre 51 % en 2015, tandis que 58 % pourraient choisir de s’expatrier en dehors de l’Union européenne, contre «seulement» 45 % douze mois plus tôt. «Cette plus forte appétence pour l’international s’explique notamment par l’attractivité croissante des économies émergentes, dont la montée en gamme, en particulier en Asie, offre des perspectives de plus en plus intéressantes pour les auditeurs internes», affirme Mikaël Deiller, practice manager en charge de la division finance et comptabilité chez Michael Page.

L'info financière en continu

Chargement en cours...

Dans la même rubrique

Les compliance officers tendent à se spécialiser

Portés par les évolutions réglementaires liées à la conformité, les spécialistes de la compliance...

Banques : comment bien faire évoluer les salariés fidèles

Le temps où l’on entrait dans un groupe bancaire à 20 ans pour y mener l’ensemble de sa carrière...

Les directeurs achats s'émancipent des directions financières

Longtemps restés sous la tutelle des directions financières, les achats s’en détachent de plus en...

Voir plus

Chargement en cours...