Rémunérations 2015

Les auditeurs internes tirent leur épingle du jeu

Publié le 2 octobre 2015 à 15h31    Mis à jour le 2 octobre 2015 à 19h09

Alexandre Rajbhandari

Parmi les métiers de la finance d’entreprise, les auditeurs internes bénéficient de rémunérations plutôt généreuses. Ces profils, souvent jeunes, regrettent toutefois que leur travail ne soit pas assez reconnu au sein de leur entreprise.

Pour les auditeurs internes, l’obtention d’une augmentation ne semble pas figurer parmi les priorités. Tel est le constat étonnant de la quatrième édition annuelle du baromètre de rémunération des fonctions finance réalisé par Michael Page, l’Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE), l’Institut français de l’audit et du contrôle internes (IFACI) et Option Finance. En effet, seulement 4 % des 110 auditeurs internes qui ont répondu à ce baromètre citent la revalorisation de leur rémunération comme une de leurs principales attentes pour améliorer leur quotidien. Un niveau qui s’explique principalement par le fait que ces professionnels sont privilégiés par rapport aux autres fonctions finance. A titre de comparaison, avec un salaire moyen de 66 000 euros bruts par an, les auditeurs internes sont mieux rémunérés que les contrôleurs de gestion, pour lesquels la rémunération moyenne s’établit à 59 500 euros bruts annuels. Un écart salarial au profit des auditeurs qui s’explique notamment par la qualité des profils recrutés à ces postes.

Des jeunes profils bien rémunérés

En effet, les auditeurs internes sont souvent des professionnels issus de parcours prestigieux.«L’audit interne représente une fonction clé pour l’entreprise, poursuit Mikaël Deiller, manager exécutif senior chez Michael Page. Par conséquent, lorsqu’une société cherche à recruter à ce poste, elle se concentre le plus souvent sur des profils qui ont suivi un parcours académique prestigieux de type grande école de commerce ou d’ingénieur, et qui ont une première expérience, le plus souvent dans un grand cabinet d’audit.»Or ces profils savent se montrer exigeants quant à leur rémunération à l’embauche, d’autant plus que la fonction d’audit interne présente de nombreuses contraintes.«Les auditeurs doivent se rendre dans toutes les filiales de leur entreprise, ils passent donc jusqu’à 80 % de leur temps en déplacement, rappelle Mikaël Deiller. En outre, alors que les entreprises continuent de grandir à l’international, ils doivent souvent séjourner de plus en plus souvent de manière prolongée dans des filiales éloignées.» Ainsi, ces professionnels disposent en contrepartie d’un salaire fixe relativement significatif, surtout compte tenu de leur âge, qui n’excède pas en moyenne 40 ans (voir encadré). «46 % des auditeurs internes gagnent entre 40 000 et 60 000 euros bruts annuels, ce qui correspond à des salaires relativement conséquents pour des professionnels de cet âge», souligne Mikaël Deiller. En outre, lorsque les auditeurs internes gagnent en ancienneté, leur rémunération peut progresser très rapidement : 22 % des répondants disent gagner plus de 70 000 euros bruts par an.

Des rémunérations complémentaires

S’ils bénéficient d’un salaire fixe relativement généreux, les auditeurs internes disposent également, dans la plupart des cas, d’une rémunération variable. Cette dernière, qui est notamment indexée sur leur propre performance ainsi que sur les résultats de leur entreprise, concerne la grande majorité des répondants : 77 % d’entre eux disposent d’une part variable, et cette dernière s’établit en moyenne à 7,6 % du salaire fixe (voir graphique).

Mais d’autres éléments de rémunération périphérique viennent s’ajouter à l’ensemble des sommes perçues par les auditeurs internes. Par exemple, la majorité d’entre eux bénéficie d’un accord d’intéressement (65 %) ou de participation (50 %). «Des dispositifs qui peuvent représenter des sommes conséquentes lorsque les auditeurs travaillent dans de grands groupes», précise Mikaël Deiller. Néanmoins, d’autres éléments ne sont pas recensés par ce baromètre. «Etant principalement en déplacement, les auditeurs internes peuvent faire passer l’ensemble de leurs charges (transport, restauration) en notes de frais, ce qui représente un avantage qui n’est pas négligeable», rappelle Mikaël Deiller.

Des profils recherchés

  • Pour les auditeurs internes, les perspectives d’emploi semblent plutôt dégagées. En effet, 62 % des répondants disent avoir été sollicités pour de nouveaux postes au cours des 12 derniers mois. «Ce constat n’est pas très étonnant, car les auditeurs internes travaillent en collaboration avec de nombreux autres départements de leur groupe, et sont donc très visibles par les dirigeants, explique Mikaël Deiller. En outre, leurs connaissances financières et leur savoir-faire représentent des attraits particulièrement intéressants pour les directions financières d’autres sociétés.»

  • De plus, le marché du travail des auditeurs internes semble s’améliorer par rapport aux années précédentes. Ainsi, parmi les professionnels qui ont été sollicités au cours des douze derniers mois, seulement 21 % disent que ces prises de contact ont été moins nombreuses que l’année dernière, tandis que 31 % considèrent qu’ils en ont eu davantage.

  • Dans le détail, 23 % de ces auditeurs internes ont été sollicités une fois, 65 % entre deux et quatre fois, et 12 % plus de cinq fois au cours de l’année écoulée.

Seul point noir à ce tableau, les augmentations qu’ils ont obtenues en 2015. En effet, ces dernières sont plutôt limitées : 41 % des répondants n’ont pas du tout bénéficié de revalorisation de leur salaire, et 43 % l’ont vu progresser de moins de 3 %. Des chiffres relativement similaires à ceux que l’on peut observer pour d’autres fonctions de la direction financière, et qui témoignent des efforts des entreprises françaises pour contenir l’augmentation de leur masse salariale alors que la croissance n’est toujours pas au rendez-vous. «En outre, les auditeurs internes ont obtenu des rémunérations déjà élevées lors de leur embauche, et leur marge de manœuvre pour négocier leur salaire à la hausse est donc limitée, considère Mikaël Deiller. Enfin, étant donné qu’ils ne projettent généralement pas de rester plus de trois ans à leur poste, ils attendent leur prochaine évolution de carrière pour voir leur salaire augmenter.»

Un tremplin vers des fonctions élevées

Car les auditeurs internes ne voient en effet pas leur fonction actuelle comme une fin en soi, et affichent des ambitions variées. Certes, 38 % d’entre eux disent vouloir suivre une carrière classique, et devenir responsables ou directeurs de l’audit. «Toutefois, leur expertise financière et leur connaissance particulièrement pointue du fonctionnement des entreprises leur permettent d’être sollicités pour des postes plus transverses et à responsabilités», considère Mikaël Deiller. Certains en sont déjà conscients : ainsi 22 % souhaitent devenir responsables ou directeurs administratifs et financiers. Plus surprenant : plusieurs répondants disent vouloir devenir contrôleurs de gestion (3 %) ou directeurs de business units (7 %). «Des ambitions opérationnelles qui s’expliquent par le fait que l’audit interne demeure un métier plutôt éloigné de l’activité concrète de l’entreprise», estime Mikaël Deiller.

Un aspect qui semble engendrer certaines frustrations : 52 % des sondés aimeraient bénéficier d’une meilleure reconnaissance de leur travail. «Les auditeurs internes sont amenés à formuler des recommandations pour instaurer des processus de gestion des risques ou pour supprimer certains dysfonctionnements, explique Mikaël Deiller. Toutefois, ils n’ont pas forcément de visibilité sur l’application de leurs recommandations, qui sont plus ou moins bien suivies.» Un sujet de tension qui ne remet toutefois pas en cause la satisfaction de ces professionnels : 75 % d’entre eux s’estiment satisfaits de leur poste.

Qui sont les auditeurs internes ?

  • L’audit interne demeure principalement une fonction des grandes entreprises. En effet, 78 % des auditeurs internes interviewés dans le cadre de ce baromètre travaillent dans une direction financière de groupe, tandis que seulement 7 % d’entre eux travaillent dans une entreprise de taille intermédiaire (ETI), et 5 % dans une PME.

  • Majoritairement des hommes (61 %), les auditeurs internes constituent une population relativement jeune. En effet, plus de la moitié d’entre eux (56 %) ont moins de 40 ans, et ils ne sont que 17 % à avoir plus de 50 ans. Néanmoins, ces professionnels affichent une expérience non négligeable dans le secteur de la finance d’entreprise : la moitié d’entre eux affichent plus de 10 ans dans le secteur, et 24 % plus de 20 ans.

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