Baromètre Rémunérations 2016

Les trésoriers sont en position de force

Publié le 10 novembre 2016 à 11h57    Mis à jour le 10 novembre 2016 à 18h13

Guillaume Clément

Les trésoriers ont bénéficié en 2016 de revalorisations salariales moyennes de 2,3 %, contre 1,8 % l’an dernier, selon la 5e édition du baromètre annuel réalisé par Michael Page, l’AFTE, l’IFACI, la DFCG et Option Finance. Cette progression s’explique notamment par l’arrivée sur le marché de l’emploi de jeunes profils plus diplômés que par le passé.

L’année 2016 marque le retour d’un certain dynamisme sur le marché de l’emploi concernant la fonction de trésorier d’entreprise. Alors que l’estimation du salaire brut moyen de ces professionnels avait légèrement progressé entre 2014 et 2015, passant de 73 000 à 74 000 euros, elle s’établit en 2016 à… 80 000 euros, selon la 5e édition du Baromètre des rémunérations des fonctions finance réalisé auprès de 115 personnes par Michael Page, l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE), l’Institut français de l’audit et du contrôle internes (IFACI), l’Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG) et Option Finance. Cette forte hausse doit toutefois être relativisée.

«Elle résulte notamment de l’évolution de l’échantillon des trésoriers interrogés, explique Véronique Nassour, déléguée générale de l’AFTE. Cette année, 40 % des sondés ont en effet plus de 45 ans, contre 28 % l’an dernier. En outre, 30 % des répondants disposent de plus de 20 ans d’expérience dans la finance d’entreprise, contre seulement 17 % en 2015. La plus forte présence de ces collaborateurs expérimentés au sein de la population étudiée augmente ainsi mécaniquement le niveau moyen des rémunérations.» Malgré tout, les jeunes profils étant également représentés – 17 % des trésoriers sondés ont moins de 35 ans –, la hausse de salaires constitue bel et bien une tendance notable dans la profession de trésorier. «Alors que les rémunérations avaient respectivement progressé de 2,1 % et de 1,8 % en 2014 et en 2015, elles ont été globalement revalorisées de 2,3 % cette année, poursuit Véronique Nassour. Parmi les 66 % de collaborateurs interrogés qui ont bénéficié de ces augmentations pour 2016, la hausse moyenne a atteint 3,5 %, contre seulement 2,3 % douze mois plus tôt (voir graphique).»

Davantage de recrutements

Cet environnement favorable résulte de plusieurs facteurs. D’abord, la meilleure formation des jeunes recrues contribue à tirer les rémunérations vers le haut. «La création il y a quelques années de diplômes de trésoriers de niveau bac + 4 et bac + 5 en France a permis à leurs titulaires de demander, dès le début de leur carrière, des salaires plus importants que la majorité des professionnels qui accédaient auparavant à ce type de fonctions, indique Mikaël Deiller, directeur des divisions finance et comptabilité chez Michael Page. Les nouveaux entrants sur ce métier peuvent en effet négocier une rémunération fixe comprise entre 35 000 et 45 000 euros bruts par an, tandis que par le passé, les professionnels recrutés, souvent issus du contrôle de gestion ou de la comptabilité, se voyaient plutôt offrir des gratifications allant de 32 000 à 35 000 euros.»

Ensuite, le dynamisme des recrutements a aussi favorisé la hausse des salaires. Au cours des douze derniers mois, 59 % des trésoriers sondés se sont vu proposer au moins un nouveau poste (contre 62 % en 2015), et parmi ceux-ci, 38 % ont en outre été davantage sollicités que l’année précédente (contre 25 %). Les collaborateurs sont en outre approchés plusieurs fois par an : seulement 19 % des trésoriers ont reçu une proposition d’emploi en 2016 (29 % douze mois plus tôt), 74 % se sont vu offrir entre deux et quatre nouvelles fonctions, et 7 % au moins cinq postes. «Cette situation s’explique par les besoins croissants des entreprises en matière d’expertise dans la gestion du cash, a fortiori dans un environnement marqué à la fois par des taux de rémunération de placements faibles – voire négatifs – et par la montée en puissance de nouveaux cadres législatifs, comme par exemple EMIR et MIF 2, qui renforcent notamment les exigences auxquelles doivent se plier les directions financières en matière de conformité», précise Véronique Nassour.

Des renégociations de salaires plus nombreuses

L’intérêt croissant pour ces profils a principalement eu deux répercussions. D’une part, 15 % des trésoriers sondés ont changé de poste, et ont ainsi vu leur salaire progresser. D’autre part, les collaborateurs sollicités ont pu mettre en avant le fait d’avoir été approchés par des recruteurs pour renégocier leur salaire auprès de leur employeur. «Le rôle de trésorier étant devenu une fonction de plus en plus importante depuis la crise de 2008 et la rareté des profils capables d’assurer des missions aussi étendues que la gestion du cash, les opérations de financement, la relation bancaire ou encore le suivi du besoin en fonds de roulement (BFR) ont conduit les entreprises à accepter de manière croissante de revaloriser la rémunération de certains profils pour les retenir», souligne Mikaël Deiller.

En outre, les trésoriers bénéficient de plus en plus de gratifications variables : 89 % sont dans ce cas. Parmi les répondants, la part de variable représente en moyenne 9,8 % de leur rémunération. Si ce ratio est resté stable par rapport à 2015, 51 % des collaborateurs concernés ont reçu un «bonus» supérieur à 10 %, alors que c’était le cas de seulement 41 % d’entre eux en 2015. «Les trésoriers reçoivent en effet de manière croissante des rémunérations variables liées à la réalisation des projets ciblés, indique Véronique Nassour. Ces derniers portent par exemple sur la mise en place d’un nouveau système informatique de gestion de la trésorerie (treasury management system ou TMS) ou la finalisation d’une opération de financement importante.»

Un taux de satisfaction élevé

Dans ce contexte, quatre trésoriers sur cinq se disent satisfaits de leur poste actuel, soit l’un des taux les plus élevés parmi les fonctions financières ! A titre de comparaison, seulement 65 % des contrôleurs de gestion et 73 % des auditeurs internes expriment cette année un avis similaire. De plus, les trésoriers interrogés perçoivent une nette amélioration concernant certains motifs de frustration (voir graphique). «La part de ces collaborateurs souhaitant bénéficier d’une meilleure reconnaissance de leur travail – un facteur qui représente leur principale préoccupation – a reculé en un an de 54 % à 38 % des répondants, poursuit Véronique Nassour. Cette situation s’explique notamment par le fait que les directions générales les considèrent de plus en plus comme des partenaires stratégiques, gérant toutes sortes de risques (change, taux, sanctions, etc.), et leur confient notamment des missions allant bien au-delà du cash management, comme par exemple la gestion du risque client ou des assurances.»

Certes, l’élargissement de leurs prérogatives a néanmoins un revers : 37 % des trésoriers aimeraient voir leur charge de travail diminuer et 35 % souhaiteraient parvenir à mieux concilier leur vie personnelle et leur vie professionnelle, contre respectivement 30 % et 32 % en 2015. Mais ces facteurs ne remettent toutefois pas en cause l’intérêt de ces professionnels pour leur fonction. Alors que la majorité d’entre eux ont fait le choix il y a plusieurs années de se spécialiser dans ce domaine (voir encadré), 57 % des sondés ambitionnent à terme d’occuper un poste de responsable ou de directeur de la trésorerie. Ils ne sont en revanche que 20 % à viser celui de responsable administratif et financier…

Trésorier un jour, trésorier toujours ?

  • Les trésoriers effectuent le plus souvent l’essentiel de leur carrière au sein de leur corps de métier. De fait, la grande majorité des professionnels interrogés dans le cadre de ce baromètre (59 %) occupaient déjà la fonction de trésorier d’entreprise avant de prendre leur poste actuel. Parmi les répondants, seulement 15 % exerçaient auparavant au sein d’un département comptable, tandis que 3 % faisaient partie d’une équipe de contrôle de gestion.
  • Cette situation s’explique, d’une part, par le fait que la grande majorité des trésoriers souhaitent accéder au cours de leur carrière aux plus hautes fonctions… dans leur domaine d’expertise ! En effet, 59 % veulent devenir responsables ou directeurs de la trésorerie, contre 57 % en 2015.
  • Si ces aspirations sont souvent liées à l’intérêt que portent les trésoriers à leur domaine d’activités, certains professionnels n’envisagent pas, d’autre part, d’endosser des responsabilités plus transversales parce qu’elles leur sont difficilement accessibles. «Il est en effet rare que des trésoriers accèdent à ce type de poste, reconnaît un trésorier. Leur profil d’expert dans les thématiques de financement et de gestion du cash les rend en effet moins susceptibles d’exercer des fonctions transversales au sein des entreprises. Les dirigeants ont tendance à préférer des collaborateurs disposant d’une expérience davantage opérationnelle, comme les auditeurs internes ou les contrôleurs de gestion.» Ainsi, à peine 20 % des trésoriers sondés visent la fonction de responsable administratif et financier (29 % en 2015).

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