Baromètre des fonctions financières

Un champ d’action élargi pour le directeur financier

Publié le 1 décembre 2017 à 12h03    Mis à jour le 1 décembre 2017 à 17h22

Thomas Feat

Naguère techniciens, les directeurs financiers sont de plus en plus impliqués dans la définition stratégique de l’entreprise, comme le montre la 6e édition du baromètre annuel réalisé par Michael Page, la DFCG, l’AFTE, l’IFACI et Option Finance. De ce fait, ils doivent développer des compétences pluridisciplinaires, notamment en matière de gestion de projets.

La rémunération moyenne des directeurs administratifs et financiers est stable, et leur rôle de plus en plus central et transverse dans l’entreprise. Tels sont les deux principaux constats de la 6e édition du baromètre annuel des rémunérations des fonctions finance réalisé auprès de responsables des finances par Michael Page, l’Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE), l’Institut français de l’audit et du contrôle internes (IFACI) et Option Finance.

Le salaire brut moyen des 368 directeurs administratifs et financiers interrogés est estimé cette année à 85 700 euros, contre 95 300 euros l’an dernier. Ce chiffre doit néanmoins être relativisé. En effet, contrairement à l’édition 2016, les responsables questionnés étaient invités cette année à donner le montant précis de leur salaire (part fixe et variable), et non pas à le situer uniquement dans une fourchette. «Ce changement de méthodologie donne une moyenne beaucoup plus proche de la réalité du marché, indique Charles Bonati, analyste éditions et études au sein de la DFCG. Il est fort possible que la différence de 10 000 euros constatée d’une année sur l’autre soit en réalité beaucoup plus faible, voire inexistante.»

Des critères non quantitatifs

Dans le détail, en 2017, 21 % des directeurs financiers interrogés ont gagné moins de 60 000 euros, 38 % entre 60 000 et 89 000 euros, 17 % entre 89 000 et 119 000 euros, 6 % de 119 000 à 149 000 euros et 18 % plus de 150 000 euros.

Les trois quarts de ces managers ont perçu une part variable de salaire en 2017, une proportion équivalente à celle de l’an dernier. Ce variable (hors intéressement et participation) a atteint 8,8 % en moyenne depuis janvier. Là encore, ce pourcentage est stable sur un an. Pour plus de la moitié des personnes sollicitées, les primes peuvent être constituées de bonus liés à des objectifs d’entreprises, ou de bonus conditionnés à la réalisation d’objectifs individuels chiffrés. Dans une moindre proportion, il peut s’agir de primes de fin d’année liées à des paramètres non quantitatifs.

«L’importance de ces critères qualitatifs dans l’évaluation des managers croît en même temps que se développe la prise de conscience de l’importance de la dimension managériale», indique Mikaël Deiller, directeur des divisions finance et comptabilité chez Michael Page.

Si 56 % des directeurs financiers avaient perçu une augmentation de leur rémunération en 2016, ce chiffre est descendu à 49 % en 2017. Pour près de 30 % d’entre eux, cette hausse a été comprise entre 0 et 3 % sur les douze derniers mois ; 15 % ont vu leur salaire augmenter de 3 à 10 % sur la période ; enfin, seuls 6 % des directeurs financiers ont vu leur rémunération progresser de plus de 10 % cette année, contre 8 % l’an dernier. «A l’aune de ces chiffres, il serait erroné de conclure que tous les salaires des directeurs financiers sont orientés à la baisse, car les variations peuvent ne concerner qu’une partie de l’échantillon, précise Mikaël Deiller. En tout état de cause, la rémunération moyenne des directeurs financiers, sans avoir retrouvé son niveau d’avant-crise, reste à un niveau élevé, et dépasse encore bien souvent celle des autres postes de direction de l’entreprise.»

 

Un développement des «soft skills»

La rémunération des responsables des finances reste corrélée à trois grands facteurs. «La détention de qualifications spécifiques, en informatique par exemple, ou la connaissance du secteur d’activité de l’entreprise, renforcée par des expériences professionnelles antérieures, sont souvent gages d’appréciation à la hausse des rémunérations», indique Charles Bonati. La taille de l’entreprise et des équipes placées sous leur supervision conditionne aussi également une grande partie de la rémunération des managers.

A ce titre, on observe que la taille des équipes supervisées par les directeurs financiers est en hausse, surtout dans les grandes entreprises. 55 % des directeurs financiers déclarent aujourd’hui diriger au moins six collaborateurs, 32 % au moins une dizaine. Cet élargissement des équipes s’explique en premier lieu par la reprise des embauches, fruit de l’amélioration de la conjoncture. «Elle se justifie en outre par le rattachement à la direction financière de certains services, comme la direction des systèmes d’information (DSI), la direction des services généraux ou l’administration des ventes», indique Mikaël Deiller.

Les directeurs ou responsables administratifs et financiers nouvellement nommés sont issus le plus souvent du contrôle de gestion (16 %), qui demeure, selon eux, la discipline favorisant le plus les progressions de carrière au sein des structures. En cas d’évolution hors des fonctions financières, celle-ci débouche de plus en plus naturellement vers des postes de direction générale (21 %, en progression de deux points sur un an). «Ce parcours reflète la tendance selon laquelle le directeur financier moderne joue aujourd’hui davantage un rôle parfaitement opérationnel, transversal, et s’implique dans la définition de la stratégie de l’entreprise, commente Pierre-Yves Bing, délégué général adjoint de la DFCG. Il n’est plus un simple relais d’expertise technique.»

 

Un sentiment de revalorisation

Par conséquent, les compétences attendues des directeurs financiers ont dépassé le champ de la technique comptable, financière et juridique pour intégrer la dimension de «soft skills», ou «compétences comportementales». Ainsi, l’anticipation (59 %), la coopération (57 %) et l’adaptation (49 %) sont les qualités les plus attendues des responsables de directions financières. «Avec la digitalisation, un nombre croissant de directeurs financiers sont aujourd’hui référents sur des questions d’innovation liées à l’implémentation de logiciels de gestion ou de dématérialisation, ou sur des problématiques de conduite du changement, indique Mikaël Deiller. La finance corporate évolue de plus en plus en mode projet.»

Signe de l’accueil positif de ce décloisonnement des tâches, un nombre croissant de directeurs financiers se disent satisfaits de leurs missions. Ils étaient 63 % en 2015, 61 % en 2016 et… 69 % en 2017. En outre, l’insatisfaction liée à la non-reconnaissance de leur travail a été exprimée par 33 % des directeurs financiers en moyenne cette année, contre 36 % l’an dernier. En revanche, plus de la moitié de ces managers reconnaissent avoir du mal à équilibrer vie professionnelle et personnelle. «L’exposition et l’importance croissantes du directeur financier dans l’organisation semblent engendrer à la fois un sentiment de revalorisation de la fonction mais aussi, dans une moindre mesure, une frustration liée au caractère encore trop chronophage à ses yeux de certaines tâches», commente Mikaël Deiller.

La bonne image de la fonction rejaillit également sur les équipes. En effet, 60 % des directeurs financiers n’ont rencontré, en 2017, aucun problème pour fidéliser leurs collaborateurs. Un chiffre en constante amélioration depuis trois ans et qui, compte tenu de l’amélioration de la conjoncture, et donc des conditions de rémunération, pourrait encore progresser l’an prochain.

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