Alors que la BCE vient d’entamer son programme massif de rachat d’actifs, les économistes et les investisseurs anticipent des évolutions positives sur les marchés de financement, notamment actions. Si les sociétés d’une certaine taille devraient surtout en profiter, les initiatives visant à élargir aux PME l’accès aux sources d’emprunt non bancaires continuent de se développer. Cette manne devrait toutefois s’orienter principalement vers les PME-ETI, l’échec d’Isodev risquant de pénaliser l’investissement dans les TPE.
C’est un événement aussi inédit qu’exceptionnel qui s’est déroulé le mois dernier : Nestlé a en effet vu le rendement d’une de ses souches obligataires libellées en euros, sur le marché secondaire, basculer en… territoire négatif ! Dans la foulée, le groupe pétrolier Shell a lui aussi connu un mouvement similaire l’espace d’une séance, avant de s’établir à nouveau légèrement au-dessus de 0 %. Impensable il y a encore quelques mois, cette situation est la conséquence de l’annonce par la Banque centrale européenne, le 22 janvier dernier, du lancement d’un programme de rachats d’actifs (QE) de plus de 1 100 milliards d’euros sur une période de dix-huit mois. Un afflux de liquidités à venir qui s’est immédiatement traduit par une baisse des taux d’intérêt.
A priori, cette politique ultra-accommodante devrait donc se révéler favorable aux entreprises cherchant à lever des fonds. Toutefois, toutes ne devraient pas en profiter dans la même ampleur.
Des assouplissements limités à prévoir sur les crédits bancaires
De l’avis général des économistes et des banquiers, la possibilité offerte par la BCE aux banques de céder certains de leurs titres (obligations d’Etats ou d’organismes supra-gouvernementaux, actifs titrisés, obligations sécurisées) ne devrait pas se traduire par une augmentation de la distribution de crédit. «Les précédents programmes d’injection de liquidités à destination des établissements bancaires (LTRO puis TLTRO), censés relancer l’octroi de crédit, n’ont pas eu les effets escomptés, rappelle Grégory Claeys, économiste au sein du think tank Bruegel. Si tant est que les banques récupèrent du cash en vendant des actifs, il n’y a pas de raisons objectives que le QE réussisse à relancer le crédit là où les LTRO et TLTRO ont relativement échoué.»