En juin dernier, Areva a mis en place le premier financement de projet à recours limité adossé à un projet nucléaire. Un choix innovant, qu’il a fallu défendre auprès de ses partenaires bancaires, réticents de prime abord, pendant près de deux ans.
«Dans le nucléaire, le financement de projet était jusqu’alors inédit : cela fait au moins quinze ans que l’ensemble du secteur cherche un moyen d’en mettre un en place», explique Philippe Berneur, responsable service financement chez Areva. Pourtant, ce mode de financement correspond particulièrement bien au modèle économique du secteur. «Les contrats de vente dans nos activités s’étendent généralement sur des durées longues, souvent plus de dix ans, et le financement de projet est le seul mode de financement bancaire qui permet d’obtenir des maturités longues», poursuit Philippe Berneur. C’est donc une vraie première qu’a réalisée, en juin dernier, Areva. Avec une dette brute à 90 % obligataire, le groupe cherchait à diversifier ses sources de financement. Il a réussi à mettre en place un financement de projet de 650 millions d’euros pour sa filiale Société d’enrichissement du Tricastin (SET), qui construit et exploite son usine d’enrichissement d’uranium Georges Besse II depuis 2001.
«Areva avait à cœur de prouver qu’il s’agit d’un secteur profitable, qui peut être financé sans le concours de l’Etat, explique Philippe Berneur. Le management a donc décidé de mettre en valeur les performances de la SET, qui était l’un des actifs d’Areva le plus apte à bénéficier de ce financement.» En effet, même si la construction de l’usine devrait se poursuivre jusqu’en 2016, elle est déjà partiellement en activité. Elle compte déjà plusieurs contrats commerciaux de long terme, d’une durée moyenne de dix ans, est rentable, et dégage une marge d’Ebitda d’environ 60 %.