C’est un «paradoxe apparent», de l’aveu de Moody’s. Bien que l’agence de notation souligne dans un rapport publié la semaine dernière le renforcement de la solidité financière des banques européennes depuis cinq ans, elle met en lumière dans le même temps le caractère plus risqué de la dette que celles-ci émettent sur le marché. En effet, le rating moyen des émissions qu’elles ont réalisées sur cette période est passé de A3 à Baa1, soit une dégradation d’un cran.
Ce décalage s’explique en réalité par une évolution des produits de dette utilisés. Afin que leur éventuelle restructuration ou liquidation n’implique pas de pertes pour les petits épargnants et les investisseurs ayant souscrit des obligations sécurisées ou peu risquées, les établissements bancaires ont l’obligation de renforcer leurs matelas de quasi-fonds propres et de titres de dette subordonnée, qui serviraient à absorber les coûts de la résolution bancaire. Dans ce contexte, les banques françaises n’ont ainsi émis entre janvier 2015 et juin 2019 que 54 % de dette senior classique, cette part tombant même à respectivement 34 % et 38 % pour leurs homologues allemandes et espagnoles.