Etude

Les fonds de microfinance connaissent une croissance sous contrainte

Publié le 28 septembre 2018 à 11h01

optionfinance.fr

La collecte des fonds de microfinance, principalement composés de prêts aux institutions de microfinance (IMF) dans les pays émergents ou en développement, a retrouvé des couleurs en 2017 : les encours ont progressé de 18,1 % l’an dernier, après cinq années d’une croissance plus faible du fait des difficultés rencontrées par les pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale, sur lesquels ces fonds étaient particulièrement exposés. Dans son étude annuelle, le gestionnaire spécialisé Symbiotics, qui tient historiquement ces statistiques, estime ainsi à 15,8 milliards de dollars (13,5 milliards d’euros) le montant des actifs sous gestion des 111 fonds de microfinance dans le monde. Reste que ce marché est très européen, tant par l’offre – dominée par les gestionnaires suisses Blue Orchard, Responsability et Symbiotics, auxquels s’ajoutent les néerlandais Oikocrédit et Triodos Investment Management – que par la demande. «87 % des détenteurs d’actifs sont européens. Parmi eux, la part des investisseurs institutionnels croît depuis plusieurs années et s’élève aujourd’hui à 55 % du total, souligne Sébastien Duquet, en charge du développement de l’offre Blended finance chez Symbiotics. Ce sont entre autres des fonds de pension, notamment néerlandais, scandinaves et suisses, des banques éthiques mais aussi des assureurs et réassureurs allemands, autrichiens ou français. En investissant dans des fonds de microfinance, ils cherchent à la fois un rendement social, un rendement financier et une exposition aux pays émergents.» Ce centre de gravité européen ne facilite toutefois pas la diffusion large des fonds de microfinance dont l’essentiel des dettes sous-jacentes sont des prêts libellés en dollars ou en devises locales très liées au dollar. «En 2017, le rendement financier des fonds s’est établi à 2,7 % en dollars, mais seulement à 0,3 % et 0,2 % en euros et en francs suisses : cette décorrélation des rendements du fait de la couverture du risque de change était connue pour le franc suisse mais c’est nouveau pour l’euro, précise Sébastien Duquet. Si certains investisseurs, notamment scandinaves, sont ouverts à prendre le risque de change, cela ne semble pas être le cas de leurs homologues allemands ou français.» En conséquence, l’étude de Symbiotics anticipe un ralentissement de la croissance de la collecte pour 2018, à 12,2 %. Pour contrer ces résultats en demi-teinte sur le plan financier, les gestionnaires spécialisés peuvent toutefois compter sur la dimension d’impact social de ces investissements. L’étude de Symbiotics indique ainsi que 55 % des clients des IMF financées vivent en zone rurale et 69 % sont des femmes, soit les catégories de population les plus vulnérables. Plus récemment, les portefeuilles se sont diversifiés vers des projets à dominante environnementale. «Les fonds comprennent désormais des lignes de crédit à des institutions financières qui financent des équipements efficients énergétiquement à leurs clients agriculteurs, commerçants, chauffeurs de taxis… Et ces institutions locales savent d’ores et déjà mesurer les émissions de CO2 ainsi évitées», remarque Sébastien Duquet. Aujourd’hui, un quart des IMF en portefeuille offrent ces «prêts verts».

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