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Gestion assurantielle

«En période de crise, la gouvernance doit permettre de prendre les bonnes décisions rapidement»

Publié le 17 juillet 2020 à 10h41

Propos recueillis par Sandra Sebag

Après les très fortes corrections enregistrées sur les marchés financiers au cœur de la crise sanitaire, les compagnies d’assurances et les mutuelles comme Agrica ont souhaité revenir vers les actifs à risque. Certaines ont privilégié les actions, d’autres le crédit. Les sociétés de gestion spécialisées dans la gestion assurantielle, à l’image d’Ostrum, ont été très actives afin que leurs clients puissent bénéficier des opportunités de marché. D’un point de vue structurel, la crise sanitaire devrait renforcer les tendances en cours, notamment la diversification vers les actifs réels (à l’exception peut-être de la dette privée), et l’émergence de techniques de gestion plus complexes (gestions thématiques etc.). Enfin, la réglementation agit toujours comme une forte contrainte dans la prise de risque. Toutefois, les groupes qui disposent d’une gouvernance efficace parviennent à dépasser cette contrainte et semblent mieux armés face à la crise.

Quelles sont les grandes lignes de l’allocation stratégique des compagnies d’assurances et de quelles marges de manœuvre disposent-elles ?

Pierre Richert : Nous possédons une spécificité en tant que compagnie d’assurances : notre passif est principalement long car composé en grande partie d’engagements de retraite. Par ailleurs, nous sommes soumis à de nombreuses contraintes réglementaires comme la directive Solvabilité 2 qui conditionnent nos allocations. La loi Pacte nous pousse également à modifier notre business model en créant une offre en unités de compte alors que jusqu’à présent nous mettions principalement en avant nos fonds en euros. Enfin, il convient de souligner que le contexte de marché apporte des contraintes supplémentaires liées au niveau des taux bas et à la volatilité sur les marchés actions. Nous avons donc dû modifier notre approche en termes d’allocation d’actifs. Celle-ci se focalise maintenant sur une gestion ex ante des risques et s’appuie sur quatre objectifs : parvenir à concilier l’actif et le passif, maîtriser la volatilité de notre ratio de solvabilité, générer du rendement et créer de la valeur. 

Pour mettre en œuvre ces objectifs, nous utilisons un nouvel outil technologique appelé Ooliba. Il permet d’établir une matrice des risques et de piloter notre allocation d’actifs. Il nous a poussé à diminuer notre exposition aux marchés du crédit en 2018 et aux actions en 2019. En parallèle, nous travaillons à la diversification de notre allocation notamment à travers des stratégies convexes qui limitent les pertes extrêmes. En 2018, cette stratégie nous a permis de délivrer une belle...

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