Parole d'expert - Tanguy Le Saout, Pioneer Investments

«La gestion obligataire traditionnelle n’est plus adaptée aux marchés actuels»

Publié le 19 septembre 2014 à 12h19

Communiqué

Tanguy Le Saout, responsable de la gestion obligataire Europe chez Pioneer Investments, nous explique comment il a été amené à développer un processus d’investissement innovant en s’appuyant sur une équipe de spécialistes baptisés «risk takers».

Quelle est votre approche en gestion obligataire ?

Tanguy Le Saout : La gestion obligataire représente 60 % des encours gérés par Pioneer Investments (174 milliards d’euros au total). Elle s’appuie sur un processus d’investissement solide et performant. Ce processus est en outre tout à fait atypique. En collaboration avec Cosimo Marasciulo, je dirige, une équipe de «Risk takers» c’est-à-dire de spécialistes (inflation, relative value, devises, volatilité, etc.) qui identifient les meilleures opportunités dans leur domaine d’expertise. Afin d’évaluer au mieux le potentiel de performance de chaque stratégie et les risques associés, ils sont aidés par nos analystes crédit et par une équipe spécialisée dans la construction de portefeuille.

Comment avez-vous été amené à créer ce nouveau processus d’investissement ?

Tanguy Le Saout  : Je suis devenu responsable de la gestion obligataire Europe en 2004 et dès 2005,  nous avons commencé à mener une réflexion avec Cosimo Marasciulo pour mettre au point un processus d’investissement plus performant. A l’époque, chaque gérant travaillait sans échanger avec les autres et pouvait avoir des convictions très différentes. Nous avons décidé de mettre en place une équipe de spécialistes dont les idées d’investissement alimenteraient l’ensemble des fonds. Nous avons pour cela développé notre propre matrice d’experts qui regroupe l’ensemble de nos stratégies obligataires. Ainsi, depuis 2006, tous nos fonds sont gérés de façon matricielle, en prenant en compte en amont un budget de risque à allouer à chaque stratégie. L’équipe dédiée à la construction de portefeuille analyse, pour chaque fonds, le niveau de risque et les différentes expositions en fonction des conditions de marché. L’idée est d’éviter une trop forte corrélation entre les différentes positions mais aussi que ces dernières ne s’annulent pas entre elles.

Comment est structuré votre processus d’investissement ?

Tanguy Le Saout  : Nous avons une partie cœur correspondant au benchmark et une partie satellite dont l’objectif est de surperformer cet indice de référence grâce à l’alpha généré par les différents spécialistes. Chaque fonds a son propre benchmark et chaque position a un objectif de perte maximale défini au moment de l’achat. Nous laissons une grande liberté à nos spécialistes. En effet, compte tenu de leurs compétences et de leurs expériences, ils nous fournissent toujours des idées d’investissement fondées sur de solides convictions. De plus, ils savent parfaitement calibrer leurs positions grâce à l’équipe de construction de portefeuille. Les investissements se font principalement via des dérivés. Ce marché étant désormais réglementé, nous pouvons profiter d’une liquidité que nous estimons supérieure à celle des obligations.

Pouvez-vous nous donner des exemples récents de stratégies «alpha» ?

Tanguy Le Saout  : L’une des stratégies ayant généré de la performance en 2013 portait sur la dette financière. Plusieurs événements de crédit dans le secteur financier européen ont en effet laissé apparaître une plus faible différenciation que par le passé entre le taux de recouvrement de la dette subordonnée et celui de la dette senior. A Chypre notamment, les mesures prises ont montré qu’aucune partie de la structure du capital des banques n’était sacrée, et en Espagne, les détenteurs de dette senior de Bankia n’ont pas reçu de traitement de faveur. Estimant que cela devait mener à une réévaluation du coût de la protection de la dette senior par rapport à celle de la dette subordonnée, nous avons mis en place une stratégie sur CDS. Le marché a mis un peu de temps à partager cette vue mais nous a finalement donné raison.

Quels types de fonds pouvez-vous proposer ?

Tanguy Le Saout  : Ce processus d’investissement a été appliqué, dans un premier temps, à des fonds existants, puis il a permis la création de nouveaux fonds. Ainsi, en 2008, Pioneer Investments a lancé Pioneer Funds - Euro Aggregate et Pioneer Funds - Global Aggregate qui affichent respectivement une surperformance annuelle nette de +1,9 % et +0,8 % sur les 5 dernières années (à fin février 2014). En décembre 2010, convaincus de la pertinence de cette approche et fort des résultats délivrés, nous avons créé un fonds sans indice. Plus exactement nous avons transformé un fonds existant en fonds de performance absolue, Pioneer Funds - Absolute Return Bond. Ce FCP, qui a pour objectif de performance Eonia + 3 %, est en parfaite adéquation avec les attentes des investisseurs dans l’environnement actuel de rendements faibles et leurs craintes sur une probable hausse des taux.

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