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Le grand débat

Bas carbone - L’industrie financière se donne des objectifs plus ambitieux

Publié le 6 septembre 2019 à 10h57    Mis à jour le 6 septembre 2019 à 17h23

Propos recueillis par Sandra Sebag

Sous l’impulsion des PRI (Principes pour l’Investissement Responsable) et des spécialistes du climat, l’industrie financière tente de se mobiliser autour d’un objectif visant à contenir le réchauffement climatique dans la limite de 1,5 degré. Pour y parvenir, les spécialistes peuvent s’appuyer sur une amélioration du cadre méthodologique et sur la généralisation à l’ensemble des classes d’actifs de la problématique du climat. Il reste toutefois encore beaucoup à faire pour atteindre ce nouvel objectif, notamment dans le cadre de l’accès aux données ou en termes de communication vis-à-vis des clients finaux. Ce changement de perspectives est également structurant pour les Etats et pour l’ensemble des acteurs économiques. Certains pays ont ainsi annoncé leur intention de viser à terme une neutralité carbone. En effet, les participants au grand débat initié par la rédaction d’Option Finance sont unanimes : l’urgence en matière de climat est absolue.

Après avoir fixé un objectif de réchauffement climatique limité à 2 degrés, les experts préconisent d’aller plus loin et prônent maintenant un objectif à 1,5 degré ; quelles sont les implications pour les Etats et les différents secteurs économiques ?

Sagarika Chatterjee, directeur climat au PRI : L’accord de Paris incluait un objectif de réchauffement climatique limité à 2 degrés ; cependant, de nombreux rapports publiés récemment insistent sur la nécessité d’accentuer les efforts et de se fixer des objectifs plus ambitieux. Il s’agit maintenant de contenir le réchauffement climatique dans la limite de 1,5 degré. La principale différence entre ces deux objectifs consiste à avancer la date à laquelle nous devrions atteindre la neutralité carbone (soit l’arrêt des émissions supplémentaires). Avec un objectif fixé à 2 degrés, la neutralité carbone doit intervenir en 2075 ; avec un objectif à 1,5 degré, elle doit être avancée à 2050. L’autre grande différence réside dans l’impact physique du réchauffement sur les populations, qui sera plus réduit avec un objectif à 1,5 degré. A contrario, avec un objectif à 2 degrés, les conséquences du dérèglement climatique seront réelles, le coût sera élevé et nous devrons mettre en place des politiques pour limiter les dégâts. Du point de vue des investisseurs, les différentes études réalisées sur le sujet montrent qu’avec un objectif à 1,5 degré, il ne doit plus y avoir de nouveaux investissements réalisés dans le charbon. Nous devons ainsi radicalement transformer le secteur de l’énergie et accroître considérablement la place des énergies renouvelables, tout en agissant sur les autres secteurs fortement émetteurs de carbone comme les transports ou encore la construction. Mais quel que soit l’objectif fixé, les investisseurs doivent maintenant prendre en compte dans leur allocation d’actifs, dans le choix des valeurs, la problématique du climat et celle de la transition énergétique.

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