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Le grand débat

Les gérants monétaires s’adaptent pour conserver leurs clientèles

Publié le 19 octobre 2018 à 16h52

Propos recueillis par Sandra Sebag

Malgré l’existence de rendements négatifs et la concurrence des banques, qui proposent aux institutionnels et aux entreprises des livrets avec des rendements positifs, les gérants spécialisés dans le monétaire parviennent toujours à collecter en proposant notamment des montages financiers permettant d’accéder à des rendements positifs. Parallèlement, les gérants se sont mis en conformité avec la réforme des fonds monétaires et commencent à réfléchir à celle des indices. De leur côté, les investisseurs institutionnels, à la recherche de rendements positifs, multiplient leurs partenaires et les produits de placement.

Comment le contexte actuel et plus spécifiquement la politique de la banque centrale européenne (BCE) affecte-t-il les gestions monétaires ?

Julien Daire, directeur de la gestion taux et crédit CPR Asset Management :

Nous vivons depuis plusieurs années dans un contexte de taux bas et même de taux négatifs. La bonne nouvelle est que cette situation va peut-être bientôt se terminer. Déjà depuis quelques mois, les spreads de crédit se sont légèrement écartés et nous voyons les banques revenir sur le marché monétaire, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. Nous pouvons trouver maintenant sur le marché des certificats de dépôts émis par des banques à un an qui offrent des rémunérations supérieures de 10 points de base par rapport aux niveaux de début d’année. Nous considérons ainsi que nous avons dépassé le point bas en termes de rendement sur les actifs de trésorerie. La BCE a commencé cette année à ajuster sa politique de quantitative easing (QE) et a annoncé son intention d’augmenter les taux à partir de l’été 2019. De son côté, le marché n’intègre pas de remontée rapide des taux de refinancement ; les anticipations d’Eonia sur la fin de l’année 2019 restent basses, seulement 15 points de base au-dessus des niveaux actuels et un retour en territoire positif vers l’été 2020. La normalisation de la politique monétaire intègre plusieurs leviers : d’une part le resserrement de l’écart entre taux de dépôt et taux de refinancement, et d’autre part le rythme de remontée du taux de refinancement. Dans ce contexte, il reste compliqué d’évaluer le rythme de remontée de l’Eonia à attendre. Toutefois, si les conditions macroéconomiques sont réunies, nous pensons que la BCE pourrait ajuster son taux de dépôt en 2019 à un rythme plus rapide qu’anticipé par le marché, ainsi que son taux de refinancement dès 2020.

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