Par Alexis Garatti, directeur de la recherche économique chez Euler Hermes

2021 : espoir de reprise, mais vigilance requise

Publié le 23 novembre 2020 à 14h45    Mis à jour le 23 novembre 2020 à 15h46

Alexis Garatti

Les années 2010 tirent leur révérence, et laisseront dans les manuels d’histoire et d’économie une trace indélébile.

2020 sera l’année de la récession. Après un premier semestre durant lequel l’économie a été mise à l’arrêt par la crise Covid-19, l’espoir d’un rebond semblait se matérialiser au troisième trimestre. Mais celui-ci a vite été balayé par l’apparition de la seconde vague de l’épidémie. Afin d’y faire face, les gouvernements sont contraints d’appliquer des mesures sanitaires strictes, au détriment de l’activité. Dernier exemple en date, la mise en place de nombreux couvre-feu et de (re)confinements, qui pèsent sur la trésorerie des entreprises, les finances publiques et le moral des ménages. Cette perturbation de la production et de la consommation aura un coût conséquent : la croissance économique reculera de – 4,5 % en 2020 dans le monde, et de – 10 % en France.

Il faudra du temps et beaucoup d’énergie pour que les économies internationale et française retrouvent leurs niveaux d’avant-crise. Mais ce retour à la normale devrait commencer à se matérialiser dès 2021. D’une part, parce que les réponses budgétaires apportées par les gouvernements pour soutenir les agents économiques ont été fortes : les stimulus déployés tout au long de 2020 permettent de faire le dos rond et favoriseront dans un second temps la reprise. D’autre part, parce que les recherches de vaccin avancent : il faut certes prendre les annonces avec prudence, mais quelques laboratoires disent obtenir des résultats satisfaisants. La perspective d’une prochaine campagne de vaccination sera déterminante pour soutenir la confiance des ménages tout en limitant les perturbations de l’activité économique. L’horizon se dégagera progressivement, et il faudra faire preuve de patience, mais les premières bonnes nouvelles devraient arriver en 2021 : la croissance économique devrait rebondir de + 4,4 % à l’échelle mondiale, et de + 6,2 % en France.

Cet espoir de reprise ne doit toutefois pas masquer un environnement économique qui restera mouvementé en 2021. La reprise se dessine, et il y aura des opportunités à saisir pour les entreprises, désireuses de combler le manque à gagner conséquent subi cette année. Mais 2020 laissera des traces qui mettront du temps à se résorber. La trésorerie de nombreuses entreprises était déjà fragile avant la crise, et le contexte actuel ne fait que dégrader leur situation financière. Nombreuses sont celles qui, malheureusement, ne survivront pas à la crise Covid-19. Le nombre de défaillances croîtra ainsi de plus de + 30 % en 2021 en France et dans le monde, ce qui pose un souci majeur pour les fournisseurs : que devient leur créance commerciale si leur client fait faillite ? Les entreprises devront se montrer conquérantes pour compenser les pertes subies en 2020, mais vigilantes pour ne pas s’exposer au risque d’impayés.

En parallèle, de nombreux événements politiques pèseront également sur les perspectives commerciales à l’export des entreprises. Les exportations françaises repartiront de l’avant l’année prochaine, preuve qu’il y a des opportunités à saisir hors de nos frontières. Mais ces perspectives pourraient s’amoindrir face aux incertitudes qui planent dans plusieurs pays partenaires commerciaux de la France. Aux Etats-Unis par exemple, si Biden a été reconnu par les médias américains comme vainqueur des élections, difficile de savoir quand il sera en mesure de réellement débuter son mandat. Et une fois qu’il sera au pouvoir, rien ne dit que la position commerciale des Etats-Unis s’assouplira. Ses ambitions environnementales pourraient impliquer la mise en place de nouvelles barrières non tarifaires, et donc d’un protectionnisme certes différent mais toujours présent. 

Les regards doivent également se poser de l’autre côté de la Manche. Peut-on espérer ou non un accord commercial entre le Royaume-Uni et l’UE ? Dans les deux cas, le manque à gagner sera important pour les exportateurs français : les pertes de débouchés commerciaux pour les entreprises françaises exportant vers le Royaume-Uni atteindront près de 4 milliards d’euros en cas de hard Brexit, et près de 2 milliards d’euros en cas de soft Brexit.

L’espoir de la reprise offre aux entreprises de nouvelles perspectives de développement commercial. Il ne sera pas possible de combler l’intégralité du manque à gagner subi en 2020, mais il y aura des opportunités à saisir pour repartir de l’avant. A une seule et unique condition : faire preuve de vigilance et prendre les bonnes décisions, en matière de partenaires commerciaux et de destinations à l’export. 

Alexis Garatti Directeur de la recherche économique ,  Euler Hermes

Alexis Garatti, directeur de la recherche économique, Euler Hermes

Du même auteur

Voir plus

Chargement en cours...