L’export, la clé de la reprise pour les entreprises françaises ?

Publié le 2 juillet 2021 à 18h14

Alexis Garatti

Les entreprises hexagonales veulent exporter plus, mais elles veulent également se lancer à l’assaut de nouveaux marchés.

Après une année 2020 pour le moins complexe, frappée du sceau de la crise sanitaire et économique induite par la Covid-19, 2021 présente enfin des perspectives plus positives. La reprise se précise, et elle sera créatrice de nombreuses opportunités pour les entreprises françaises. Mais ces dernières sont-elles prêtes à s’en saisir ?

Chez Euler Hermes, nous estimons que le commerce mondial de biens et services en volume croîtra de 7,7 % en 2021 et de 6 % en 2022 (- 8,1 % en 2020). Un rebond important, principalement dû à la reprise progressive de l’activité économique dans la plupart des régions, mais qui aurait pu être encore plus fort sans les nombreux facteurs qui perturbent depuis plusieurs mois les chaînes d’approvisionnement internationales (tensions sur le fret maritime, pénuries de conteneurs et des intrants, etc). En effet, selon nos calculs, ces perturbations coûteront cette année 1,7 point de croissance au commerce mondial.

Malgré ces quelques goulots d’étranglement, les exportateurs français semblent bien positionnés pour saisir les opportunités provenant du rebond des échanges internationaux. Nous estimons en effet que les exportations françaises de biens et services en volume croîtront de 8 % en 2021 et de 5,7 % en 2022 (- 16,6 % en 2020). Concrètement, cela signifie qu’il y a de réelles parts de marché à aller capter à l’export pour les entreprises françaises. D’ailleurs, après s’être contractée de 125 milliards d’euros en 2020, la demande additionnelle externe adressée à la France rebondira de 59 milliards d’euros en 2021 et de 47 milliards d’euros en 2022. De quoi compenser, au moins en partie, les manques à gagner de la crise.

Ces débouchés additionnels à capter se situeront principalement en Europe, avec 7,2 milliards d’euros à saisir en Allemagne en 2021, 4,5 milliards d’euros en Belgique et 4,3 milliards d’euros en Espagne. Mais le grand export offrira également des opportunités intéressantes aux exportateurs français, avec 6,6 milliards d’euros à saisir aux Etats-Unis en 2021, et 2,3 milliards d’euros en Chine.

Les opportunités sont là, c’est indéniable. Mais nos exportateurs sont-ils prêts à les saisir ? Euler Hermes a pris le parti de leur poser directement la question, en interrogeant en début d’année plus de 300 entreprises afin de faire le point sur leur perception de l’environnement économique mondial, et sur leurs intentions de développement à l’international.

Le constat est implacable. Après une année 2020 durant laquelle les échanges commerciaux ont été perturbés, et malgré une crise sanitaire qui s’est prolongée pendant le début de l’année 2021, l’optimisme est de retour du côté des exportateurs français : 78 % des entreprises interrogées lors du Baromètre Export envisagent d’augmenter leur chiffre d’affaires à l’export cette année. Les intentions fermes sont également à un niveau élevé, 42 % des entreprises déclarant envisager avec certitude une croissance de leurs exportations en 2021. Ces intentions fermes sont particulièrement élevées dans les secteurs des biens d’équipement (63 %), de l’agriculture, de l’énergie et du bâtiment (62 %), des travaux publics (44 %) et des biens de consommation (44 %).

Les entreprises hexagonales veulent exporter plus, mais elles veulent également se lancer à l’assaut de nouveaux marchés. En effet, 51 % des entreprises interrogées veulent accroître leurs exportations vers de nouveaux pays, contre seulement 38 % lors du précédent baromètre. Les destinations les plus citées sont les Emirats arabes unis, le Canada, le Cameroun, le Maroc et le Sénégal. C’est un indicateur positif concernant le volontarisme des entreprises tricolores, mais également le signe qu’elles ont tiré un enseignement crucial de la crise de Covid-19 : pour préserver leurs activités et anticiper les imprévus, mieux vaut réduire sa dépendance à une seule et unique zone d’exportation.

L’export sera une clé essentielle de la reprise pour les entreprises françaises. Nos exportateurs l’ont compris : optimisme et volontarisme seront, à n’en pas douter, les maîtres mots de l’appareil exportateur français cette année. Mais pour que ce postulat se confirme, il faudra toutefois faire preuve de vigilance. Si les opportunités existent, les risques inhérents aux échanges internationaux n’ont pas disparu. Risque d’impayés, risque politique, risque commercial, et même désormais risque sanitaire : autant de menaces qui planent sur le développement export des entreprises, et contre lesquelles il faudra forcément penser à se couvrir. 

Alexis Garatti Directeur de la recherche économique ,  Euler Hermes

Alexis Garatti, directeur de la recherche économique, Euler Hermes

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