Fed : l’art d’assouplir sans paraître se précipiter

Publié le 5 juillet 2019 à 11h21

Bastien Drut

Avec la détérioration progressive de l’économie américaine, la faiblesse de l’inflation et des anticipations d’inflation et les incertitudes persistantes concernant la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, la Fed a envoyé le signal, ces dernières semaines, qu’elle était prête à soutenir la croissance et à baisser ses taux directeurs. Cela a accentué les anticipations de baisse de taux des fed funds : selon les marchés, une première baisse pourrait être effectuée dès le FOMC de juin et, plus généralement d’ici fin 2020, les fed funds pourraient être réduits de plus de 100 points de base au total.

Toutefois, il y a eu lieu de se demander si les attentes des marchés ne sont pas exagérées. La reprise des négociations entre les Etats-Unis et la Chine a été perçue positivement par la Fed. Même si, sur le plan macroéconomique, les raisons d’assouplir la politique monétaire sont plus nombreuses, Jerome Powell lui-même a indiqué que la Fed n’entendait pas sur-réagir aux dernières statistiques, car procéder de la sorte enverrait un message négatif et risquerait d’introduire encore plus d’incertitude sur les perspectives économiques. La Fed ne doit pas non plus donner trop l’impression d’agir sur ordre de Donald Trump. S’il est clair qu’elle s’engagera dans des baisses de taux prochainement, la marche à suivre reste délicate : elle tâchera de donner l’impression de ne pas se précipiter.

Bastien Drut Responsable des études et de la stratégie ,  CPR AM

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