Bernard Aybran, directeur de la multigestion, Invesco Asset Management

De l’inutilité des boules de cristal

Publié le 6 mars 2020 à 15h28    Mis à jour le 12 mars 2020 à 10h58

Bernard Aybran

Connaître l’avenir. Ce super-pouvoir conférerait un avantage certain à celui qui en serait doué. En particulier s’il s’agissait d’un gérant, métier qui requiert d’échafauder d’incessantes «anticipations».

Un exemple : le gérant extralucide qui aurait connu à l’avance la progression du coronavirus aurait vraisemblablement amassé des actifs refuges, parmi lesquels l’or, les emprunts d’Etat américains et le dollar. Aurait-ce été une bonne idée ? L’investisseur européen aurait gagné sur les emprunts d’Etat américains, qui ont progressé de 2,2 % sur la semaine du 24 février. Mais il en aurait perdu la quasi-totalité sur le dollar, qui s’est déprécié de 1,7 % contre l’euro. Quant à l’or, valeur refuge par excellence, il s’est déprécié de près de 5 % sur la même semaine, sans qu’aucune explication crédible ne puisse le justifier. Connaître l’avenir n’aurait été que de peu d’utilité au gérant s’il avait appliqué sans analyse les recettes du passé. Ce n’est donc pas en vain que les investisseurs mettent au point leurs «anticipations». Bien au contraire : c’est parce qu’il analyse l’environnement actuel que l’investisseur peut en déduire un contexte de marché donné, plus ou moins propice aux différentes classes d’actifs. Loin du caractère magique ou intuitif de la prédiction, l’anticipation doit tout au raisonnement. Mais qu’il s’agisse de l’une ou de l’autre, les conséquences des événements à venir restent aléatoires. C’est un peu décevant, mais la diversification reste dès lors une approche sensée. Boule de cristal ou pas.

Bernard Aybran Head of portfolio management ,  Allfunds

Bernard Aybran est head of portfolio management chez Allfunds

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